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Que parmi les constitutionnels, ceux qui ont des illusions et l’héroïsme des oublis opportuns ou qui se croient assez habiles pour dominer les dangers qu’ils auront créés courent les chances de ces coalitions plus qu’imprévues, soit, ils le peuvent, ils ont probablement tout pesé ! Il restera certainement toujours des esprits libéraux, aussi libéraux que conservateurs, disposés à ne point s’engager en compagnie si mêlée dans une aventure qui, réussît-elle pour le moment, ne laisserait pas de rester périlleuse. Sans doute, entre des partis relevant des divers régimes qui ont gouverné la France il peut y avoir, à une heure donnée, un accord sur certains points d’ordre public, de sécurité sociale ; mais ici où est l’accord possible sur les conditions mêmes de cette sécurité et de cet ordre ? Les moyens familiers à l’empire, les coups d’état, les décrets dictatoriaux, les répressions arbitraires, les mesures d’autocratie, tout cela, les libéraux ne l’admettent pas évidemment. En ce moment même, les bonapartistes, après avoir aidé à la dissolution de la dernière chambre, ne parlent que de renvoyer la chambre nouvelle si elle ressemble à l’ancienne, et « ainsi jusqu’à la fini » On peut compter qu’avec eux la liberté des assemblées aurait bientôt disparu ; les constitutionnels ne font point apparemment aussi bon marché du régime parlementaire. Les libéraux peuvent accepter des lois sévères sur la presse, ils n’admettent pas le régime administratif de l’empire, et, à vrai dire, ils ont bien pu trouver étrange la faveur nouvelle que vient de retrouver le décret dictatorial de 1852. Tout est incompatibilité entre les deux partis. Fût-on d’accord pour considérer le radicalisme comme un danger, on ne s’entendrait pas pour le combattre ou le réprimer. Et voilà pourquoi cette coalition, sur laquelle s’appuie la politique du 16 mai, n’est qu’une combinaison qui ne peut être ni sincère ni efficace, une équivoque vainement déguisée sous le nom d’union conservatrice. Voilà pourquoi ce qu’il y a de mieux, de plus politique, c’est de s’en tenir à ce qu’on a, à la république, puisque la république existe, aux institutions qui peuvent lui assurer un caractère conservateur, au lieu d’aller plus loin dans une aventure qui remet tout en question sous prétexte de tout sauver, qui commence par une trêve menteuse entre des partis inconciliables, pour finir par un violent et inévitable déchirement, par une vraie guerre civile au camp des coalisés.

Cela dit, il faut évidemment garder quelque sang-froid en présence de cette lutte qui est déjà engagée, qui va devenir chaque jour plus vive, plus passionnée entre la majorité des 363 de l’ancienne chambre et la coalition qui, sous la bannière du gouvernement, va tenter de devenir la majorité dans la chambre nouvelle. Certes cette lutte semble bien tranchée, bien implacable, surtout décisive, et les partis eux-mêmes ne négligent rien pour émouvoir le pays, pour l’effrayer des