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où trouver un gage pour d’autres emprunts ? Des hommes compétens l’affirment, des financiers hardis l’entreprendraient peut-être : toujours est-il que sans un moyen de ce genre il serait difficile de poursuivre l’œuvre commencée si hardiment, à moins que le revenu ordinaire, en continuant de s’accroître, ne permît, comme il y a un an, de contracter encore de nouvelles obligations. C’est là où le chiffre de l’octroi, la principale source du revenu municipal, s’impose plus particulièrement à l’attention. Doit-on maintenir les hases sur lesquelles il est perçu ? Bien des récriminations se sont élevées à ce sujet, auxquelles il a déjà fallu faire droit en partie, notamment sur l’impôt des patentes, dont le principal a dû être réduit. Non-seulement les taxes qui frappent la consommation donnent lieu en effet à des plaintes sérieuses, mais théoriquement on leur reproche de continuer les habitudes féodales, d’imposer des entraves barbares ; on en présente l’abrogation comme une nécessité sociale, une satisfaction indispensable à concéder aux masses qui rêvent maintenant l’abolition des octrois intérieurs après avoir accueilli la restauration de la branche aînée des Bourbons aux cris de : Plus de droits réunis ! Populaire ou non, pesant ou léger, l’octroi n’en constitue pas moins une ressource précaire, mobile et capricieuse à l’excès, sur laquelle il serait peut-être téméraire d’asseoir non-seulement le fragile édifice d’un équilibre stable, mais surtout l’obligation stricte de l’amortissement à court terme d’une trop grosse dette. Or le produit de l’octroi tient une si large place dans les ressources municipales, qu’on ne peut s’empêcher de regarder l’avenir avec quelque appréhension, et de considérer l’œuvre actuelle comme encore imparfaite, en ce sens surtout que, plus elle a été rapidement accomplie, plus de nouvelles complications lui porteraient une cruelle atteinte.


IV

La situation financière de la ville de Paris, semblable à tant d’égards à ce qu’elle était à la fin de l’empire, qui se résume en deux chiffres principaux, celui de la dette et celui de l’octroi, que domine une préoccupation identique, la poursuite des grands travaux, que menacent des dangers de même nature, la rupture de l’équilibre et des discordes intestines, ce spectacle d’une mobilité apparente alors que le fond ne change pas, peut et doit faire naître un singulier scepticisme sur l’utilité en général des modifications politiques. Que n’a-t-on pas dit, que n’avons-nous pas dit nous-même sur l’ancienne organisation municipale de la ville, sur l’origine de ces commissions émanées directement de l’autorité