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principalement les plus chers. Dans ce que l’on appelle les quartiers de luxe, par exemple de la Madeleine à l’Arc-de-Triomphe, jamais l’on n’a vu moins d’appartemens vacans, et il n’y a plus de limites à leurs prix : la demande est telle que l’offre peut surenchérir comme il lui plaît. A côté de ce mouvement et comme pour y répondre, les constructions de grand luxe ont été reprises sur la plus vaste échelle. Que l’on parcoure les nouvelles voies qui environnent, entre autres, le parc de Monceau, et qui s’étendent de l’autre côté de l’ancien boulevard extérieur, on sera émerveillé de ce qui a été bâti de demeures élégantes, capricieuses, à l’usage d’une seule famille ou d’un seul habitant. On nous citait sur un très petit espace le chiffre de près de 100 hôtels, demeures d’artistes principalement ; rien ne peut donner l’idée de la diversité des goûts, de la grâce des ornemens intérieurs et extérieurs, du confort de ces habitations élevées dans les deux dernières années surtout. Ce n’est pas seulement dans ce quartier de l’ouest, le plus recherché en raison de l’aération plus salubre, ni dans la multiplication des hôtels particuliers, qu’il faut signaler cette recrudescence des travaux ; sur d’autres points très éloignés assurément, aux deux extrémités du boulevard Saint-Germain, sur le quai Henri IV, aux environs même du parc des buttes Chaumont, on remarque encore la construction de maisons moins hautes et par conséquent d’une location plus chère que les anciennes demeures à l’usage d’un grand nombre d’occupans. Les faubourgs annexés dans l’enceinte de la ville voient aussi leurs derniers terrains se bâtir en villas élégantes et, à peine séparés par les fortifications, de nouveaux faubourgs deviennent d’importantes villes de plusieurs milliers d’habitans dont les échanges forcés avec la capitale accroissent de beaucoup le commerce parisien. L’élévation du prix des loyers n’a pas encore coïncidé avec une augmentation correspondante de la valeur vénale des immeubles, mais elle a permis au revenu foncier de dépasser les chiffres d’avant la guerre et de se dépenser largement. Le luxe de l’ameublement, de l’habillement, les progrès de l’alimentation, ont marché de pair, et les salaires se sont accrus notablement aussi. Qu’on en prenne pour preuve irréfutable les séries de prix admises par la ville dans l’industrie du bâtiment, ce critérium de toutes les autres industries. Le coût de la construction est supérieur d’un cinquième environ, à ce qu’il était aux temps les plus affairés des grands percemens. L’activité dans toutes les branches de l’industrie, à laquelle le chômage forcé de 1870 et de 1871 avait tout d’abord donné un élan nécessaire pour reconstituer les stocks épuisés, n’a fait que s’accroître de plus en plus, et l’on peut ajouter que les changemens survenus dans les habitudes commerciales ont apporté aussi de