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en plus et dépasse la moitié du nombre des navires à voiles. Dans la décade qui s’étend de 1867 à 1876, les chiffres afférens au tonnage total sont passés de 4 millions de tonneaux à 5, et le mouvement de la navigation à vapeur, ainsi que cela a eu lieu partout, est toujours allé en augmentant.

La principale marchandise importée est le blé, dont Marseille reçoit chaque année de 1 à 2 millions de tonnes de 1,000 kilogrammes chacune. L’état des récoltes en France règle seul cette branche de commerce. Dans les années de disette, Marseille est comme le grenier d’abondance, la grande nourricière du pays. Elle reçoit du Danube, de l’Égypte, de l’Asie-Mineure, de l’Algérie, les blés qui nous manquent, et, par le chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, les déverse sur toute la France. Si Bordeaux est le port des vins, Nantes le port des sucres, Le Havre le port des cotons, Marseille est le port des blés. Grâce à Marseille, les famines en France sont désormais impossibles, et les émeutes d’une population manquant de pain, qui ensanglantèrent en 1847 quelques-uns de nos départemens du centre, ne se reproduiront jamais plus.

Après le blé viennent les graines oléagineuses, environ 220,000 tonnes, — le sucre brut, 80,000, — le café, 20,000. Les minerais et les métaux (fer, plomb, cuivre, antimoine, étain), le charbon de bois, la houille, se chiffrent par centaines de mille tonnes. La houille seule atteint près de 800,000 tonnes, et cette énorme quantité, fournie pour la plus grande part par les mines du bassin d’Aix et les houillères du département du Gard, est presque entièrement consommée par les usines locales ou les navires à vapeur. Le chiffre du bétail vivant importé d’Italie, d’Espagne, d’Algérie, dépasse 300,000 têtes, et a même été un moment deux fois plus élevé. Il manque malheureusement un parc central, un entrepôt et un grand marché, comme ceux des villes américaines, pour recevoir, soigner et distribuer convenablement tout ce bétail, dont le port de Cette a déjà détourné à son profit plus de 100,000 têtes.

Des marchandises de beaucoup plus grande valeur, sinon d’un aussi fort tonnage, doivent maintenant être citées, telles que la soie, le coton, les laines ; il faut mentionner enfin les peaux et les cuirs, les huiles d’olive, le pétrole, les vins et les spiritueux, le riz et les légumes secs, les fromages, le cacao, la morue et le poisson salé, le poivre et les autres épices, les articles de droguerie, le tabac, le suif, les cires, le soufre brut, les marbres, les bois de teinture, de tonnellerie, de charpente, de menuiserie, d’ébénisterie.

Les principaux articles d’exportation sont les blés et les farines, les tissus de laine, de soie et de coton, le sucre raffiné, les tourteaux de graines, dont l’agriculture fait un si heureux emploi, les savons, si justement renommés, et dont Marseille fabriqué par an