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TROIS MOIS DE VOYAGE
LE PAYS BASQUE

III.
LA VISCAYE.[1]


I

De lointains souvenirs de richesse et de gloire, un nom illustre dans les vieilles chroniques, les tronçons épars d’une ancienne enceinte ; au centre, une grande place entourée d’arcades, dix rues y convergeant disposées en étoile, des palais déserts ; comme monument, une église gothique sombre, humide et froide autant qu’un tombeau, adossée au mur d’enceinte dont elle faisait partie autrefois avec son promenoir extérieur, ses meurtrières et ses créneaux, — telle est Orduña, une ville morte. Sentinelle avancée du Señorio, longtemps elle eut l’honneur de repousser les attaques incessantes des envahisseurs ; mais la fondation de Bilbao devait lui être fatale : plusieurs incendies désastreux, comme ceux qui éclataient dans les villes du moyen âge, précipitèrent sa décadence. Après la guerre de 1833, au mépris des fueros, la ligne des douanes fut reculée jusqu’à la frontière, même le commerce de transit, qui se faisait encore par le chemin royal, disparut lors de la construction de la voie ferrée de Tudela à Bilbao : ce fut pour Orduña le dernier coup. L’antique cité repose au fond d’un cirque immense, et les

  1. Voyez la Revue du 15 février et du 15 mars.