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veulent aujourd’hui se construire une habitation nouvelle, c’est presque toujours très loin de l’ancienne. Ils tiennent à changer, ils cherchent d’abord une situation différente et des points de vue nouveaux. Les deux principales résidences des papes, le Vatican et le Quirinal, sont placées aux deux extrémités de Rome. Ici au contraire tout est réuni sur la même colline : elle était devenue le domicile de l’empire, et il ne semblait pas qu’un prince pût résider ailleurs. Dion prétend que les lieux où les empereurs séjournaient dans leurs voyages prenaient le nom du Palatin.

Cet entassement de palais devait produire sur les visiteurs une très grande impression. Figurons-nous un provincial intelligent et curieux, comme il s’en trouvait beaucoup alors, un Gaulois, un Africain, un Espagnol, qui venaient voir cette Rome dont le monde entier s’entretenait ; même après avoir traversé les forums impériaux et admiré les merveilles du Capitole, le Palatin avait de quoi les étonner ; il nous est aisé d’imaginer le spectacle qu’ils devaient avoir sous les yeux ; les fouilles de ces dernières années nous permettent de refaire assez exactement la topographie de la colline. Quand on arrivait par ce clivus Palatinus, dont j’ai tant de fois parlé, et qu’on passait sous la vieille porte de Romulus, voisine du temple de Jupiter Stator, on avait devant soi la façade du palais de Domitien. Ce palais, qui se présentait aux regards avant les autres, était aussi le plus important de tous, celui qui semblait le mieux répondre à la majesté des césars ; une place, l’area Palatina, située à droite, divisait les palais impériaux en deux groupes distincts : l’un de ces groupes comprenait la maison de Tibère et celle de Caligula, bâties au nord de la colline, le long du Vélabre et du Forum, l’autre groupe se composait de trois palais différents, ayant leur façade, leur entrée, leur caractère propres, qui pourtant communiquaient entre eux et pouvaient, dans quelques circonstances solennelles, ne former qu’un seul palais. Celui de Domitien était contigu à la maison d’Auguste, plus reculée vers le midi et qui atteignait de ce côté les limites de la colline ; sur la même ligne, un peu plus loin, se trouvait le palais de Sévère, qui occupait tout l’angle méridional du Palatin. Ce qui restait de la colline, en dehors des temples et des édifices historiques, servait au logement des esclaves ou des affranchis de l’empereur.

Je suis assez tenté de croire que, tout en admirant beaucoup le Palatin, si nous pouvions le voir comme il était au IIIe siècle, nous ferions pourtant quelques réserves. Notre goût a pris certaines habitudes, il a fini par avoir des exigences qui ne seraient pas tout à fait satisfaites. Il est probable que les accès et les alentours des palais impériaux nous sembleraient mesquins ; le clivus Palatinus n’est pas large, le clivus Victoriœ est encore plus étroit, l’area