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Septime-Sévère est le dernier des césars qui se soit fait bâtir une habitation nouvelle ; l’empire devint trop misérable après lui pour qu’un prince pût se permettre ces profusions. J’ai donc fini d’énumérer les palais qu’on avait construits sur le Palatin, mais il contenait d’autres édifices que les demeures des empereurs ; à côté du prince, il fallait loger sa garde et ses serviteurs. Quoique ces maisons de soldats et d’esclaves aient dû être faites avec moins de soin et de dépense, il en est pourtant resté des traces en divers endroits de la colline. Au bas de la rue Palatine, près de l’arc de Titus, les fouilles ont fait découvrir un grand nombre de chambres d’inégale étendue ; M. Rosa suppose qu’elles étaient occupées par la cohorte prétorienne qui gardait les césars : il est en effet assez naturel de croire qu’on avait placé la caserne à côté de la principale entrée du Palatin. C’est donc là que, selon Tacite, le malheureux Pison, qui venait d’être adopté par Galba, à la première nouvelle de la révolte d’Othon, réunit les soldats de la garde, et leur tint ce discours honnête et mélancolique qui n’était pas fait pour gagner le cœur des prétoriens. Ce qui est beaucoup plus curieux que ces ruines informes, dont la destination est en somme assez douteuse, ce sont celles qui se trouvent à l’extrémité opposée, vers le Vélabre. On a découvert là une rue tout entière, assez bien conservée, qui s’appelait, nous le savons, la montée de la Victoire (clivus Victoriœ). C’était encore un reste de la Rome des premiers temps. On y pénétrait par la « porte Romaine, » une de celles dont l’origine, disait-on, remontait à Romulus. De là, une voie étroite et raide se dirigeait vers le sommet de la colline. La rue, qui des deux côtés est bordée de hautes maisons, n’a jamais dû être fort claire, mais elle est devenue plus sombre depuis que Caligula l’a fait en partie couvrir pour étendre les terrasses de son palais. Le côté droit de cette rue, celui qui s’appuie à la colline, appartenait certainement aux dépendances des palais impériaux. Quand on pénètre dans les chambres à moitié comblées qui existent encore, et que l’œil commence à se faire à ces ténèbres, on est surpris de voir que ces appartemens obscurs, qui semblaient d’abord à peine suffisans pour des esclaves, sont quelquefois ornés avec une grande élégance : beaucoup ont conservé leurs stucs et leurs mosaïques ; il y en a dont les murs possèdent encore de gracieuses peintures, et l’un des balcons a gardé sa fine balustrade de marbre. Si ces maisons, comme il est naturel de le croire, étaient habitées par les serviteurs du prince, c’est aux esclaves et aux affranchis les plus distingués, à l’aristocratie de la domesticité impériale, qu’elles devaient être