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I

Le Palatin est une colline de près de 1,800 mètres de circonférence et de 35 mètres de haut, qui est placée comme une sorte d’île au centre de celles dont la réunion a formé la ville éternelle. Quoiqu’elle soit la plus petite de toutes, « les autres, dit un écrivain, semblent l’entourer de leurs hommages. » C’est elle en effet qui a tenu la plus grande place dans l’existence de Rome. Comme il était naturel de croire qu’elle conservait de beaux souvenirs de son glorieux passé, elle a été plusieurs fois fouillée depuis la renaissance. On y cherchait, selon l’usage de l’époque, des mosaïques, des statues, des objets d’art, et, une fois la curiosité ou à cupidité des explorateurs satisfaite, on s’empressait de recouvrir de terre les ruines un moment rendues au jour. Les travaux sérieux et suivis n’ont commencé que de notre temps et par l’initiative de la France. En 1861, l’empereur Napoléon III, dont on sait la passion pour l’histoire romaine, surtout pour l’histoire des césars, eut l’idée d’acheter du roi de Naples, François II, les jardins Farnèse, qui occupaient le nord du Palatin. Ce dessein rencontra beaucoup d’obstacles du côté de la cour romaine, qui ne se souciait pas de voir la France devenir propriétaire si près d’elle. Elle souleva mille difficultés dont on eut grand’peine à triompher. M. Léon Renier, notre illustre épigraphiste, qui comprenait l’importance de l’acquisition et qui l’avait conseillée, eut l’honneur de terminer les négociations. Quand elles furent achevées, et que le Palatin fut à nous, il désigna à l’empereur l’architecte qui lui paraissait le plus propre à diriger les grands travaux qu’on voulait y faire : c’était M. Pietro Rosa, connu des savans par ses études topographiques sur la campagne romaine. M. Rosa se mit aussitôt à l’œuvre avec ardeur et ne tarda pas à justifier la confiance qu’on lui témoignait par les plus importantes découvertes[1].

Ces découvertes ne se sont pas bornées à l’époque impériale. Pendant qu’on cherchait surtout le palais des césars, on a trouvé les restes de la vieille ville de Romulus, qu’on pouvait croire pour jamais disparue. On savait bien que c’était sur le Palatin qu’elle était bâtie. Les historiens racontent comment le premier roi, après

  1. Aussitôt après les événemens de 1870, l’Italie acheta le Palatin à l’empereur Napoléon III pendant qu’il était encore captif en Allemagne.