retrouverait les mêmes corvées récréatives sous les noms de dévès-bras dans la Bretagne, et de grandes journées dans le Béarn. Souvent l’élevage des animaux domestiques, une industrie accessoire ou un petit négoce, devient, en même temps qu’un profit, une occupation favorite ; puis c’est la foire de la ville voisine et les nombreux anniversaires de famille, les récits de l’aïeul dans les veillées d’hiver où s’échangent les promesses de mariage, les danses et les chants des jeunes filles dans les soirs d’été à l’occasion de la récolte des foins, l’usage du tabac et des spiritueux, la chasse et les jeux d’adresse pour les hommes ; les causeries ou les promenades des femmes entre elles, et surtout chez les Marocains leurs réunions dans les cimetières, etc… Il y a loin de ces modes les récréations rurales aux plaisirs coûteux qui, dans les grandes cités, absorbent trop souvent une part notable des ressources. Une des monographies publiées par la Société d’économie sociale accuse de ce chef, pour un tailleur d’habits de Paris, une dépense de 600 francs, qui représente le tiers du budget annuel. Enfin un fait, en apparence insignifiant, prend parfois un intérêt réel. Par exemple, chez une famille de paysans des steppes d’Orenbourg, les chiffres du budget avaient révélé que les carottes et les navets formaient depuis peu un aliment de prédilection pour les femmes et les enfans. De là une observation piquante : tout en cédant avec bonté aux désirs de ses brus et de ses filles, le vieux chef de maison, fidèle à la coutume, repoussait avec mépris pour lui-même ce changement au régime alimentaire. Sans se rendre compte des avantages que l’esprit d’innovation pouvait avoir à cet égard pour l’hygiène de la famille, le vieillard faisait remarquer, avec une profonde connaissance du cœur humain, « que les femmes entraînent toujours les hommes à changer l’ordre établi, et que « Dieu avait dû donner à la barbe la force et l’autorité nécessaires pour contenir dans de justes bornes l’influence du sexe faible. » Dans les Balkans, l’inventaire des vêtemens d’une famille bulgare montre toujours respecté un vieil usage déjà consigné dans Hérodote, et qui veut pour ornement à la toilette des femmes des plaques ou mieux des pièces de monnaie d’or. Par là le goût de la parure et la rivalité des amours-propres, au rebours de ce qui se voit ailleurs, sont les plus vifs stimulans à l’épargne. Au revers de l’Oural, sous la tente de feutre des Bachkirs, c’est la longueur même de l’interrogatoire auquel se prête le chef de famille qui provoque tout à coup l’intervention de sa femme. Malgré la présence des étrangers et des enfans, elle l’apostrophe avec animation pour lui reprocher de délaisser le travail urgent de la fenaison. Le mari l’écoute avec déférence et la calme avec les argumens bien sonnans fournis par les voyageurs ; mais l’incident suffit à prouver que ce qui plaît aux dames n’a pas varié depuis
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