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d’entre eux sont ovales ; les plus récens sont ronds ; ceux qui datent de la grande époque du bronze sont ouverts ; ils sont fermés aussitôt que se fait sentir l’industrie du fer. On ne trouve aussi le grand anneau de cou, nommé torques par les Romains, qu’après l’apparition de ce dernier métal. Les bagues sont rares dans toute l’Europe ; mais les anneaux, les chaînettes et les boucles se trouvent partout en très grand nombre. Les pendeloques ne forment pas la classe la moins curieuse des objets de parure ; il en est de même de ces autres ornemens ou amulettes auxquels ont a donné le nom de rouelles. Ces deux genres d’objets, aussi bien qu’un certain nombre de têtes d’épingles, ont un caractère manifestement symbolique ; disons seulement ici que ces figures symboliques sont à peu près les seuls indices que l’on trouve d’une religion quelconque à l’époque du bronze. Ajoutons qu’elles ne sont pas indigènes, mais qu’elles tirent leur origine de l’Asie. Il en est de même des sistres, tubes ou tiges creuses de métal, garnies de neuf ou de douze anneaux et qui étaient fixées au bout d’une tige de bois à la façon d’un fer de lancé. On en conserve plusieurs dont deux ont été trouvés en France, trois au lac du Bourget, les autres à Christiania, à Wladimir et à Yavorlaw. Ces sistres ressemblent, non à ceux de l’Égypte, mais à ceux des prêtres du Bouddha, qui eux-mêmes les tiennent d’une antique tradition aryenne.


V

Nous avons mis sous les yeux de nos lecteurs les conditions générales du problème relatif aux origines de la métallurgie en Europe. Par les faits qui viennent d’être exposés en abrégé et qu’ils trouveront énumérés et décrits un à un dans le grand ouvrage de M. Chantre, mais surtout en voyant dans nos musées les objets eux-mêmes, ils s’assureront que le problème est désormais bien posé, que la méthode à suivre est parfaitement définie, que la recherche des bronzes primitifs et l’examen scrupuleux des gisemens d’où on les tire est le principal sinon le seul moyen de marcher à une solution, qu’enfin le travail accumulé d’une multitude de gens instruits sur tous les points de l’Europe a déjà fourni à la science des bases larges et solides. Cet immense labeur que nous venons de résumer en quelques pages commençait il y a quarante ans, et n’est devenu actif et général que depuis une vingtaine d’années.

L’Europe n’a pas dit son dernier mot ; mais tout le monde sent aujourd’hui que les origines de la métallurgie doivent être cherchées hors de ses frontières. Quand les hommes de guerre laisseront à la science quelque loisir, quelque sécurité et quelque argent, l’Orient de l’Europe et l’Asie deviendront le champ des recherches