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armes de bronze, dont il modifie les formes et les dimensions. Enfin le bronze est tout à fait abandonné. Les épées et les poignards des premiers temps du bronze étaient à soie et non à poignée métallique. On nomme soie dans la coutellerie la pointe de métal qui traverse le manche sur sa longueur et qui est ordinairement rivée à son extrémité. Souvent dans ces armes primitives la soie ne pénétrait pas profondément dans la poignée ; elle était large, courte et percée de deux ou de plusieurs trous que des rivets de métal traversaient. On fit ensuite les poignées en métal, soit sans garde, soit avec une garde figurant une croix, et toute l’arme était fondue d’un seul morceau. La Suisse, le Danemark et la Suède ont offert des épées à antennes, c’est-à-dire garnies de deux cornes saillantes et recourbées à l’extrémité de la poignée au-dessous de la main. Enfin les grandes épées, dont la longueur atteint 75 centimètres et qui se sont rencontrées dans presque tout l’Occident, avaient des poignées de corne, de bois, ou d’os et imitaient les épées de fer qui ne tardèrent pas à les remplacer. La France a produit jusqu’à présent 650 épées et poignards de bronze, la Suisse 86, la Suède 480 ; mais on en recueille dans toutes les parties de l’Europe.

Les dolmens et les grottes sépulcrales du Languedoc et du Vivarais, les palafittes des lacs de Neufchâtel et de Varèse, ont donné des pointes de flèche en bronze, imitant celles de silex qui les avaient précédées et se rapportant à la transition de la pierre au métal : elles caractérisent cette époque, comme le rasoir caractérise la transition du bronze au fer. Ces petites pièces de métal furent d’abord plates et s’adaptaient par une soie à une fente de la hampe, à laquelle elles étaient fixées par une ligature. Les pointes à douille, qui étaient comme de petites lances, ne se sont guère rencontrées en nombre que dans le lac du Bourget. Ailleurs du reste les flèches sont ordinairement dispersées, ce qui tient sans doute à la nature même de cette arme.

C’est dans la seconde période de l’âge du bronze que l’on fabriqua des armures de métal, c’est-à-dire des casques, des boucliers et peut-être des cuirasses. On les faisait auparavant en cuir et en lames de bois. Mais à l’art de fondre le métal s’ajouta celui de l’étendre et de le modeler sous le marteau. C’est cette période que M. de Mortillet désigne par le mot « chaudronnerie. » Cet art ne s’appliqua pas seulement à la confection des armures, mais encore à celle du tranchant des armes et des outils et d’une multitude d’objets de parure. Ceux-ci dépassaient de beaucoup en nombre, surtout quand le métal était rare encore, les instrumens utiles. Les épingles se ramassent par centaines. La fonderie de Larnaud a donné 214 bracelets, le lac du Bourget plus de 600 ; on en a retiré un grand nombre des dolmens du midi de la France. Les plus anciens