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en pierre dure, puis en bronze, et remplacés dans la dernière période par les rasoirs de fer. Cet instrument n’avait point la forme qu’on lui donne aujourd’hui ; il était demi-circulaire avec le tranchant du côté de la courbe. Puis on en fabriqua de doubles, opposés par leurs diamètres et réunis par une queue plus ou moins ornée, formant avec les deux une seule et même pièce de métal. Les transformations des rasoirs peuvent aussi servir à reconnaître l’âge relatif des gisemens où on les a rencontrés.

Le cheval était-il déjà domestiqué à l’arrivée du bronze ? Il est probable qu’il fut dompté durant la période de la pierre polie ; cependant il est possible qu’il l’ait été beaucoup plus tôt. S’il n’eût existé qu’à l’état sauvage, on s’expliquerait difficilement le grand nombre d’ossemens que l’on voit dans certaines stations de la première période de la pierre, à Solutré par exemple. Cette station, qui s’élève non loin de la Saône, au-dessus de Mâcon, offre, dit-on, les squelettes de 100,000 chevaux, la plupart jeunes, et qui ont servi à la nourriture des habitans du lieu. Quoi qu’il en soit, les mors de bronze, trouvés d’abord dans les pilotis du lac de Brienne et ensuite dans toute la France, témoignaient qu’à l’époque néolithique le cheval était asservi. Les plus anciens de ces mors sont en deux pièces mobiles l’une sur l’autre au milieu de la bouche de l’animal ; ce sont des mors brisés. Plus tard les quatre pièces sont mobiles, quoique chacune des deux pièces extérieures soit percée en son milieu par la traverse et figure par conséquent deux branches égales. Cette seconde espèce de mors caractérise notamment les terramares et a été savamment étudiée par le comte Gozzadini ; elle exerce, comme on le sait, moins d’action sur le cheval que le mors à branches fixes. Il semble donc que dans l’âge de la pierre le cheval, à moitié dompté, ait été élevé pour la nourriture de l’homme, qu’asservi dans la seconde période de cet âge, il ait été monté et peut-être attelé, et qu’enfin, au moins en Italie, sur la fin de l’âge du bronze, il soit devenu assez docile pour se laisser guider par un simple filet.

Les armes ne sont pas la partie la moins intéressante de nos collections de bronze ; ce sont elles peut-être qui caractérisent le mieux les phases successives de ce métal. On les trouve partout, en Europe et en Asie ; ainsi est réfutée l’opinion qui les attribuait naguère aux Gaulois. Les palafittes, les fonderies et les trésors leur ont donné leur place définitive dans l’âge du bronze, car, si elles ne paraissent d’abord qu’en petit nombre à cause de la rareté du métal, elles se multiplient ensuite au point de remplacer entièrement les armes de pierre. Plus tard le fer se montre sur beaucoup de points de l’Europe, mais en petite quantité et comme objet de luxe. Peu après il exerce à son tour une influence appréciable sur les