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trouve en grand nombre sur l’argile des champs. C’est alors qu’apparaît le bronze, qui, rare en Belgique, se rencontre abondamment dans les contrées du midi.

Les cavernes de l’âge du bronze, en France et en Savoie, sont de deux sortes, celles qui ont servi d’habitations et les cavernes sépulcrales naturelles ou artificielles, Comme sur la Meuse, les grottes habitées du midi se rencontrent le long des rivières et appartiennent généralement à la période de transition entre la pierre polie et le métal. Elles sont peu nombreuses ; parmi les plus importantes sont celle de Saint-Saturnin, grande station néolithique au-dessus de Chambéry, celles de Savigny, près d’Albens, de la Salette et de la Louvaresse (Isère). Les populations de la période néolithique, qui virent l’arrivée du bronze, paraissent avoir habité dans la plaine, sur le bord même des rivières. Les berges de la Saône nous offrent de nombreuses stations dont les époques successives se montrent à des niveaux superposés ; c’est surtout aux confluens et dans le voisinage des gués qu’on peut les apercevoir.

Là où les eaux étaient tranquilles et où le niveau n’en subissait que de faibles variations, c’est-à-dire près des lacs, les hommes de ce temps ont fait plus. Ils ont quitté la terre ferme et ont établi sur l’eau des demeures soutenues par des pilotis. On n’en observe pas le long des rives escarpées des lacs, parce que l’eau y est trop profonde, mais on en trouve sur les plages de sable ou de terre où l’eau n’a que peu de profondeur et qui ressemblent aux gués des rivières.

Quels motifs ont pu déterminer ces hommes à s’isoler au milieu des lacs ? Nous l’ignorons encore ; on peut espérer que des observations nouvelles permettront de résoudre ce problème. Quoi qu’il en soit, nous voyons que cet usage subsista longtemps, puisque les palafittes des Alpes comprennent non-seulement l’époque du bronze proprement dite, mais celles qui l’avaient précédée et celle qui marqué l’arrivée du fer. Il y a des palafittes de l’âge de la pierre au lac de Zurich, de l’âge du bronze au lac Léman, de l’âge du fer au lac de Neufchâtel, et chacune de ces périodes y est parfaitement caractérisée. Certaines habitations lacustres appartiennent aux deux époques de transition qui marquent le commencement et la fin de l’âge du bronze, de sorte que, très certainement, l’usage d’habiter sur les eaux s’est continué sans interruption durant un laps de temps considérable. Comme les habitations sur pilotis existaient aussi dans l’Italie du nord et dans l’Italie centrale, il sera intéressant d’explorer les lacs du midi de l’Europe, de la Grèce, de l’Asie-Mineure, et de déterminer la limite jusqu’où cet usage s’est étendu.

Les hommes de l’âge de la pierre consacraient déjà des grottes naturelles à leurs sépultures, tandis que d’autres cavernes leur