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lumière, la chaleur, le livre et tant de produits des sciences et des arts qui ornent la vie, on verra qu’il n’en est pas un seul qui ne suppose la possession et l’emploi perfectionné des métaux.

Tout le monde sait aujourd’hui que les hommes ne les ont pas connus de tout temps. Il y eut une longue, une immense suite d’années, durant laquelle ils n’en possédèrent aucun, si ce n’est peut-être quelques grains d’or que la nature leur donnait spontanément et qu’ils ramassaient çà et là dans le sable des rivières et le lit des torrens. C’est cette période que l’on a nommée l’âge de la pierre ; en effet, les outils que ces infortunés ont laissés comme témoignage de leur industrie et de leur dénûment, sont tous de pierre dure, de silex, de diorite, d’obsidienne, de trachyte. La longue durée de cette enfance de l’homme est attestée par les couches terrestres où l’on trouve ces objets : non-seulement on en recueille sous des épaisseurs de terre qui ont demandé un grand nombre de siècles pour se former, mais la période géologique actuelle n’était pas commencée que l’homme existait déjà, cherchant sa vie parmi les mammouths, les ours des cavernes et d’autres animaux dont les espèces n’existent plus.

Il fallut d’abord qu’un homme, ayant choisi quelque pierre pour la rendre tranchante, la frappât au moyen d’une autre pierre de manière à en détacher des écailles. Ce fut là le premier marteau et la première hache, et, tous les instrumens d’alors ayant été fabriqués par ce procédé, on a nommé période de la pierre brute le temps qu’a duré cette industrie rudimentaire. Peu à peu on s’aperçut que certaines pierres pouvaient par un frottement prolongé en user d’autres qui étaient cependant plus dures qu’elles, et l’on substitua pour la confection des outils le frottement à la percussion. On fabriqua de la sorte des haches et des ciseaux parfaitement affilés ; on perça des cailloux roulés, très durs et très résistans, auxquels on put adapter un manche. Des pierres plus petites, d’une matière plus fine ou d’une couleur plus agréable, furent percées et façonnées, et devinrent des colliers. Les armes se firent de la même manière. C’est cette deuxième période de l’humanité qui a reçu le nom de période de la pierre polie ou néolithique.

Dès le commencement, ou du moins de très bonne heure, les hommes essayèrent aussi de façonner l’argile pour en former des vases de différentes sortes. Ce travail se faisait à la main pendant toute la durée de l’âge de la pierre : l’ouvrier pétrissait l’argile avec ses doigts, dont l’empreinte se voit encore sur les plus anciennes poteries de ces temps reculés. Il fallut de longues observations et des moyens d’action nouveaux pour que le potier conçût l’idée d’utiliser le mouvement et pût construire une machine