Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 21.djvu/722

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mémoire auquel nous allons emprunter quelques détails qui méritent d’être connus,

Les principaux produits de la culture sont, en Norvège, le froment d’été, le seigle, l’orge, l’avoine et les pommes de terre. Ce qui frappe tout d’abord, c’est la précocité des graminées indigènes et la courte durée de leur période de végétation. Les semailles de blé d’été se font ordinairement dans la dernière semaine de mai, et la moisson a lieu vers la fin du mois d’août ; mais toutes les variétés semées à la même époque n’arrivent pas à maturité en même temps. D’après M. Schübeler, la durée moyenne de la végétation est de 90 jours pour le blé indigène, de 97 jours pour le blé de Victoria, de 105 jours pour le blé de toscane. Dans les années les plus hâtives, le blé indigène, semé le 24 mai, a pu être moissonné mûr le 6 août, — après 74 jours seulement de végétation ; les deux autres variétés ont exigé, dans les mêmes conditions, 77 et 100 jours respectivement. Or, d’après M. Boussingault, le blé de mars exige, pour mûrir en Alsace, 131 jours, avec une température moyenne sensiblement plus élevée ; à la ferme de Fouilleuse, près de Paris, on a trouvé en moyenne 139 jours, et à Alger M. Tisserand a constaté que le même blé demandait 142 jours pour mûrir.

Pour l’orge, la durée de la végétation varie, à Christiania, entre 77 et 105 jours, la moyenne est de 90 jours ; mais des semences importées d’Alten (70° latitude nord) et mises en terre à Christiania ont donné des épis mûrs 55 jours après la semaille. Cette précocité extraordinaire disparaît, il est vrai, après trois ou quatre générations : la graine perd peu à peu l’avance qu’elle avait pendant les premières années, et la moisson n’arrive pas plus tôt que pour l’orge ordinaire. Les semences d’orge venues des contrées méridionales présentent un phénomène inverse : elles exigent beaucoup plus de temps que l’orge du pays pour mûrir, mais elles gagnent peu à peu, et au bout de trois ou quatre générations elles sont entraînées, elles arrivent aussi vite à maturité que l’orge indigène. À la ferme de Fouilleuse, la durée moyenne de la végétation est, pour l’orge, de 120 jours ; à Alger, elle est de 135 jours. À Vincennes, M. Tisserand a trouvé 109 jours pour l’orge ordinaire et 72 jours seulement pour l’orge importée d’Alten, qui, semée le 7 avril, a pu être récoltée le 18 juin : elle était en avance sur l’orge indigène de 37 jours.

Des expériences instituées par M. Schübeler, au jardin botanique de Christiania, sur du maïs, de l’avoine, des pois, des haricots, des graminées de prairie, ont donné des résultats de tout point semblables. Le fait est donc désormais hors de contestation : la durée absolue de la végétation des plantes cultivées diminue à mesure qu’on remonte vers le pôle ; les semences venues de l’extrême nord fournissent des variétés précoces qui ne perdent leur avance qu’au bout de plusieurs