façon, que le commentaire plus étendu de cette neutralité où l’Angleterre veut sincèrement rester, mais où elle ne veut pas s’endormir en présence des grandes questions qui agitent le monde. Qui pourrait dire que cette attitude de l’Angleterre, dût-elle passer pour un peu sévère aux yeux de la Russie, ne serait pas utile à la Russie elle-même comme à l’Occident, le jour où renaîtrait une possibilité de paix en Orient ?
CH. DE MAZADE.
Le nom presqu’inconnu parmi nous que M. Dardier a voulu tirer d’un oubli immérité est celui d’un enfant de Genève, à la fois théologien, réformateur politique et professeur, qui prit une part importante aux agitations de la petite république à la veille et pendant le cours de notre grande révolution, et qui fut plus tard un des premiers professeurs nommés par Napoléon à la faculté de théologie protestante récemment instituée à Montauban. En dehors de l’intérêt personnel qu’inspire la biographie de cet homme de conscience et de talent, physionomie originale et dont on trouverait difficilement le pendant en France même, il y a deux ordres de considérations qui en relèvent pour nous la valeur. Le premier se tire de la lumière que cette biographie, laborieusement puisée à d’excellentes sources pour la plupart inédites, jette sur la vie intérieure de la république genevoise au moment où ses institutions traditionnelles allaient être emportées par la tempête révolutionnaire ; le second se rattache aux premières luttes théologiques dont l’église réformée de France fut le théâtre au lendemain même de sa reconstitution et où l’on discerne déjà les germes de la crise dans laquelle nous la voyons se débattre aujourd’hui. Gasc, pasteur d’opinions démocratiques, dut aux événemens plus encore qu’à ses propres efforts de présider au triomphe de la démocratie dans son pays natal ; théologien libéral à Montauban, il dut se défendre contre les âpres dénonciations de l’orthodoxie encore très susceptible des protestans méridionaux. Il est vrai qu’aujourd’hui, sans rien modifier dans son credo, Gasc passerait pour orthodoxe ; mais autres temps, autres mœurs, et surtout autres idées. C’est l’esprit des tendances divergentes qui demeure identique à lui-même. C’est ainsi qu’un libéral du temps de la restauration devrait aujourd’hui changer notablement d’opinions pour n’être pas classé parmi