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Beloutchistan viennent donc d’être réunis à Kélat : un subside annuel leur a été assuré, et ils ont pris l’engagement de ne plus inquiéter les populations du Scinde et de faire cause commune avec l’Angleterre contre la Perse ou contre tout autre ennemi. Des négociations ont été ouvertes et se poursuivent encore à Peshawer avec l’émir de Caboul pour déterminer d’une façon plus précise les obligations du souverain de l’Afghanistan vis-à-vis de la puissance à laquelle il doit sa couronne. La mort presque soudaine de l’envoyé de Shir-Ali et la maladie du plénipotentiaire anglais, sir Lewis Pelly, ont inopinément suspendu la conclusion de l’arrangement préparé. Enfin le gouvernement anglais presse l’exécution des chemins de fer de l’Inde, qui doivent être un de ses moyens de défense les plus efficaces. Lorsque les autorités anglo-indiennes croyaient n’avoir besoin que d’assurer la soumission du Scinde et du Pendjab, elles avaient autorisé la construction d’un chemin de fer du port de Kurrachi à Kotri, tête du delta de l’Indus, et d’un autre chemin de fer conduisant de Delhi à Lahore et à Moultan sur l’Indus. Elles avaient refusé d’autoriser l’établissement d’un chemin de fer entre Kotri et Moultan, comme une entreprise prématurée et une dépense inutile : elles estimaient que la navigation de l’Indus pouvait satisfaire à tous les besoins commerciaux du Pendjab; elles avaient également repoussé tous les prolongemens et tous les embranchemens qu’on avait proposé d’ajouter à ces deux voies ferrées. Tout autres sont les idées qui inspirent maintenant l’administration anglaise. La ligne de Delhi au Pendjab a été prolongée, aux frais du gouvernement, jusqu’à Peshawer, à 6 milles de la passe de Khyber. La ligne de jonction entre Kotri et Moultan se construit également aux frais du gouvernement, et rien n’est épargné pour qu’elle puisse être livrée à l’exploitation avant la fin de l’année 1877. Enfin les ordres ont été donnés pour faire les études et commencer au plus tôt la construction d’un embranchement qui conduirait de cette ligne à la passe de Bolan. Le jour n’est donc pas éloigné où une ligne non interrompue de chemins de fer desservira dans toute son étendue l’immense vallée de l’Indus et permettra de transporter en quelques heures à l’une des deux passes qui conduisent dans l’Afghanistan les troupes débarquées à Kurrachi, le port le plus rapproché de l’Angleterre par la voie de Suez. L’Angleterre a d’autant plus intérêt à développer son réseau de voies ferrées dans cette région, que l’ouverture des premiers chemins de fer du Pendjab a déjà exercé la plus heureuse influence sur la conduite des tribus afghanes de la frontière. Assurées d’un débouché facile et avantageux pour leurs grains et leurs bestiaux, ces tribus renoncent de plus en plus aux habitudes de maraude, qui leur attiraient de