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UNE RESTAURATION

L’ESPAGNE SOUS ALPHONSE XII.

Le XIXe siècle semble en politique destiné à se consommer tout entier dans une double tâche qu’il ne lui sera peut-être point donné d’achever. Il tient de la révolution deux legs connexes et étroitement liés ensemble ; l’un est la reconstruction territoriale de l’Europe, en dehors de l’héritage de la conquête et sur la base du libre consentement des peuples; l’autre est la reconstitution intérieure des états européens selon les mêmes principes de droit et de liberté. Dans ses efforts bientôt séculaires pour atteindre au double but, l’Europe a fait bien des pas en avant et aussi plus d’un pas en arrière. Si nous prenons les choses de haut, si nous faisons taire les douleurs de la France injustement victime d’une récente mutilation, nous voyons qu’en Occident le problème gouvernemental, la question purement politique, est depuis longtemps la principale, tandis qu’en Orient la question territoriale, nationale, encore loin d’être résolue, demeure au premier plan, menaçant l’Europe entière de graves et longs conflits. Les états de l’Occident, les trois grands peuples latins en particulier, sont depuis des années à la recherche d’un gouvernement. Dépourvus tous les trois des avantages qu’assure aux peuples une tradition non interrompue, ils ont été obligés de recourir à des tentatives incertaines et à des combinaisons diverses. Sur un sol plus ou moins dénudé par le flot des révolutions, les uns prétendent bâtir de toutes pièces un édifice nouveau, les autres travaillent à relever les ruines du passé ou au moins à reconstruire sur les anciennes fondations. L’Italie, qui,