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WILLIAM GODWIN
SA FAMILLE ET SES AMIS
D’APRES DE NOUVEAUX DOCUMENS

William Godwin, his friends and contemporaries, by C. Kegan Paul. London 1876; King.

Le nom de William Godwin méritait-il d’être tiré sinon de l’oubli, du moins de cette ombre discrète où sont fatalement condamnés les écrivains qui ont essayé tous les genres sans exceller dans aucun, et qui, tour à tour publicistes, moralistes, pamphlétaires et romanciers, semblent par la diversité de leurs ouvrages destinés à faire le désespoir des amateurs de classification? Était-il bien nécessaire de remuer tous les souvenirs que rappelle l’auteur de Caleb Williams et de ranimer les traits à demi effacés de cette figure plus étrange qu’aimable, à tout prendre? C’est là peut-être ce que l’on pourrait demander à M. Kegan Paul, s’il n’avait eu soin de prévenir lui-même l’objection en faisant une place dans son titre aux amis et aux contemporains de Godwin. En effet, ce n’est pas une réhabilitation qu’il a tentée. Depuis longtemps Godwin est apprécié à sa juste valeur et mis à la place qui lui convient. En publiant de nombreux fragmens de sa correspondance, M. Kegan Paul a voulu seulement éclairer d’un jour plus abondant une période intéressante de l’histoire de la littérature anglaise. Si le beau-père et le maître de Shelley, le confident de Coleridge et de Lamb, n’est pas le premier écrivain venu, il faut avouer aussi qu’il doit aux amitiés qu’il sut inspirer une grande part de la curiosité que son nom excite encore. La génération actuelle ne connaît guère ses œuvres que par le titre qu’elles portent, mais la philosophie radicale lui a emprunté plus d’une de ses théories, et pour maint disciple enthousiaste il