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On trouve aussi un troisième type, type de transition entre les deux précédens.

La première race se distingue par sa ressemblance avec les Esquimaux et en diffère seulement par le développement de ses arcades sourcilières qui le rapprochent de l’homme quaternaire européen; elle peut être classée parmi les races les plus dolichocéphales du globe, plus de 100 crânes ayant donné une moyenne de 72.15. Elle se distingue encore par la singulière usure de ses dents, par la capacité interne de son cerveau, qui n’est pas des plus petites et peut être estimée entre 1.400 à 1.450 centimètres cubes. Il n’existe plus aujourd’hui de représentant de cette race, la plus ancienne d’Amérique, éteinte depuis longtemps lors de l’arrivée des Européens. La seconde race est brachycéphale ; c’est le type des Tehuelches qui habitent aujourd’hui le territoire de la Patagonie ; les crânes de ces derniers sont bien connus pour leur grande taille; le plus grand nombre est déformé dans la partie postérieure par des compressions artificielles. Les Patagons dolichocéphales cherchaient, par ces compressions, à allonger le crâne, les brachycéphales au contraire à lui donner une forme carrée.

Toutes ces découvertes présentent cet intérêt de permettre d’étudier sur le vif une race humaine primitive à peine disparue et restée sans mélange dans un coin du globe. À ce point de vue, les voyages en Patagonie seront longtemps suivis avec intérêt; mais il faut bien avouer que ce pays déshérité n’offre guère d’autre attrait. Après les voyages que nous venons de citer et celui du commandant anglais W. Musters, qui parcourut pendant une année entière toute cette contrée depuis le détroit de Magellan, visitant les vallées des Andes, explorant tous les fleuves et descendant le Rio-Negro jusqu’au Carmen de Patagones, on peut affirmer qu’il n’est aucune des parties de ce pays qui offre à la colonisation des avantages sérieux, et c’est à cela seul qu’il faut attribuer l’abandon où ce pays est resté depuis bientôt quatre siècles qu’il est connu des Européens. Les seuls établissemens qui existent seront vite énumérés : au Carmen de Patagones, le gouvernement de Buenos-Ayres envoie ses convicts depuis 1781; à Punta-Arenas, dans le détroit de Magellan, le Chili envoie les siens depuis 1856. Ces deux villes ont une bien modeste importance ; cette dernière sert de point de relâche aux steamers qui se rendent au Pacifique par le détroit, elle contient 1,150 habitans, dont le seul commerce se réduit à faire des échanges avec les Tehuelches, établis au nombre de 500 entre le détroit et le Rio-Santa-Cruz. Ces Indiens se consacrent exclusivement à la chasse des autruches et des guanaques; ils sont hospitaliers et d’un commerce facile, sauf dans les momens d’ivresse,