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attaché leur nom à quelque découverte, et dont les études personnelles, faites à des points de vue différens, préparent pour un avenir prochain des conclusions importantes.


I. — LES ASPECTS.

La plaine, quand elle affecte ce double caractère d’immensité et d’uniformité qui est le propre de la plaine pampéenne, ne saurait intéresser au premier abord ; elle n’attire par aucun charme ni aucune promesse, semble ne rien dérober aux regards et n’offrir aucune difficulté à vaincre à l’explorateur. Cette opinion fut pendant les derniers siècles celle de tous les colonisateurs de ce continent. Aussi pendant cette longue période ne s’occupa-t-on que de la description extérieure, pour ainsi dire, de la pampa, et l’on crut avoir assez fait quand on eut dessiné les contours des côtes avec plus ou moins d’exactitude et relevé quelques baies qui pussent servir d’abri, en cas de besoin, aux escadres ou aux navires marchands en route pour le Pérou ou le Chili. La pauvreté des relations de voyages de toute cette période donne la plus triste idée d’un pays qui n’a su inspirer autre chose; ils n’ouvrent aucun horizon et n’encouragent aucun effort. Les navigateurs relevaient lentement et sans exactitude les profils des côtes où ils atterrissaient, et les écrivains qui de temps à autre tentaient de décrire les mœurs et les aspects du pays n’en rapportaient que des banalités ou se faisaient inconsidérément les colporteurs de fables ridicules, dominés qu’ils étaient par le désir de faire à ces contrées une célébrité en rapport avec celle qu’avait acquise le Pérou par ses mines d’or.

Géographiquement le territoire que l’on peut réunir sous le nom générique de pampéen s’étend du 23e degré de latitude sud jusqu’au détroit de Magellan par 54 degrés, et se trouve compris en longitude entre le 56e degré et le 74e que suit presque complètement la Cordillère des Andes. Les contrées peuplées de ces grandes plaines sont relativement peu importantes et se composent des quatorze provinces de la république argentine; en dehors de ces provinces, d’après une carte officielle que le gouvernement de cette république vient de publier, ce vaste continent comprend encore, sous la domination argentine, qui peut-être s’y manifestera un jour d’une façon effective, mais qui jusqu’ici est restée purement nominale, neuf territoires destinés à être peuplés dans un temps sans doute fort éloigné. Chacun d’eux suffirait à recevoir une grande nation, si leur fertilité était en rapport avec leur étendue; on les dénomme territoires du Rio-Vermejo, du Grand-Chaco et des Missions, au nord de ce qui forme le noyau de la république; au sud