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Il importait beaucoup de connaître exactement la situation de la basilique julienne, car en la connaissant nous apprenons d’une manière certaine le nom des monumens qui l’entourent. L’empereur Auguste dit, dans l’inscription d’Ancyre : « J’ai achevé la basilique qui avait été commencée par mon père, et qui est située entre le temple de Castor et celui de Saturne. » Nous voilà donc bien renseignés, et aucun doute n’est possible sur l’identité des deux édifices entre lesquels se trouve la basilique construite par César. Le temple de Saturne est le plus voisin du Capitole, celui dont il reste encore huit colonnes. L’exécution de ces colonnes est assez grossière; elles ont dû être réparées dans les derniers temps de l’empire, entre deux invasions, et ce travail fut fait avec tant de hâte et de négligence que les morceaux des fûts ont été quelquefois replacés la tête en bas. L’autre temple, qui avoisine le Palatin, est celui de Castor, que Cicéron appelle « le plus illustre des monumens, le témoin de toute la vie politique des Romains. » Il en reste trois colonnes qui ont fait de tout temps l’étude et l’admiration des artistes. Elles frappent davantage aujourd’hui que les fouilles permettent de les regarder de plus bas, et, depuis qu’on peut les voir du sol même de la place, elles semblent encore plus élégantes et plus hardies.

Ces premiers travaux achevés, on se trouvait connaître et posséder tout un côté du Forum, celui qui s’étend au midi, depuis la rampe du Capitole jusqu’aux premières arêtes du Palatin. Il ne restait donc plus qu’à pousser les ouvriers en avant vers le côté du nord, et l’on était sûr de découvrir le reste. On rencontra d’abord devant soi une rue pavée qui longe les monumens dont il vient d’être question et monte au Capitole. De l’autre côté de la rue commençait une sorte de place, couverte de vastes dalles de travertin, et qui avait à peu près 120 mètres de long. Cette place intérieure formait comme le centre du Forum. Elle est encombrée, surtout le long de la rue, de larges blocs de pierres qui devaient supporter les colonnes et les statues dont nous savons que le Forum était rempli. Vers le milieu, un peu au-dessous de la colonne de Phocas, un amas de pierres plus considérable semble appartenir aux assises sur lesquelles on avait élevé le fameux colosse de Domitien : dans tous les cas, c’est bien là qu’il devait être. Stace, le poète courtisan, a chanté l’érection de cette statue dans des vers où, bravant toute pudeur et toute vraisemblance, il félicite surtout Domitien de sa douceur, le met bien au-dessus de César et suppose que les vieux héros républicains viennent lui faire des complimens. Heureusement, au milieu de ces platitudes qui nous répugnent, il a trouvé moyen de nous rendre un service signalé. En faisant l’énumération des édifices dont la statue de son héros est entourée, en nous disant leur nom et la place qu’ils occupent, il nous donne des indications