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Aux deux extrémités, le long de la corniche et près du sol, elles sont comme encadrées par deux frises à fond noir, qui leur servent de bordure, et sur lesquelles des mains exercées ont peint des sujets mythologiques, gais ou sévères, des génies ou des nymphes, des paysages gracieux, dont plusieurs conservent encore l’éclat de leur coloris. Le long des murs sont disposées, de distance en distance, de grandes niches qui ressemblent à des fenêtres murées, et que couvrent aussi de très belles peintures. Sur un ciel bleu se détachent des masses de verdure, des fleurs et des arbres, avec des oiseaux qui volent dans l’air ou sont posés sur les branches, pour animer le paysage. Ces fresques, au dire des connaisseurs, révèlent un art plus parfait et une main plus habile que les meilleures de Pompéi. Nous savons que précisément au temps d’Auguste, c’est-à-dire à l’époque où notre salle a dû être construite, un artiste se fit une très grande réputation en imaginant le premier de décorer les murs des appartemens de peintures fort agréables. « Il y représentait, dit Pline, des maisons de campagne, des portiques, des arbrisseaux taillés en diverses sortes de figures, des bois, des bosquets, des coteaux, des viviers, des canaux, des rivières, selon le désir de chacun. Il y plaçait des personnages qui se promènent, qui sont en bateau, qui arrivent à la maison sur des ânes ou en voiture; d’autres qui pèchent, qui chassent, qui tendent des filets ou font la vendange. » Cet artiste renommé a dû certainement travailler pour Mécène, et l’on peut se demander si le hasard ne nous a pas fait découvrir l’un de ses bons ouvrages. Une circonstance qui parut d’abord fort étrange, mais qui, comme on le verra, peut s’expliquer aisément, c’est que cette salle, si magnifiquement décorée, semble n’être qu’une sorte de cave. Elle ne s’élève pas de plus de 4 mètres au-dessus du soi, tandis qu’elle s’enfonce de 10 mètres dans la terre. Elle était éclairée par la voûte, et des fragmens de vitres brisées qui ont été trouvés en abondance parmi les décombres indiquent qu’un large vitrage y laissait pénétrer le jour.

Quel pouvait être l’usage de cette vaste salle, et pour quelle destination l’avait-on construite avec tant de luxe? C’est ce que révèle d’une manière certaine la façon dont elle est disposée. A l’une de ses extrémités elle forme un hémicycle autour duquel sept rangs de gradins concentriques montent en amphithéâtre jusqu’au plafond. A l’extrémité opposée, au milieu du mur, on retrouve les traces encore visibles d’une sorte de tribune. Cette disposition ne laisse plus aucun doute; nous savons par les écrivains de cette époque que c’était celle des salles de lecture publique où se donnaient ces fêtes littéraires qui furent tant à la mode sous l’empire. C’est donc là que les beaux esprits de ce temps, après avoir invité par des