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Pourtant ton œuvre est sans souillure,
Et jamais une page impure
Ne mérita ce châtiment.
Veux-tu savoir quel est ton crime?
Pourquoi tu deviens la victime
Du sort qui frappe aveuglément?

Apprends-le donc. J’ai la croyance
Que Dieu choisit pour la souffrance
Ceux qu’il choisit pour le talent ;
Comme s’il voulait faire en sorte
Que l’épreuve que l’on supporte
Haussât le cœur en le brûlant!

De même que la foudre injuste,
Pardonnant toujours à l’arbuste,
N’épargne le chêne jamais;
De même que l’énorme trombe
Quand il lui faut une hécatombe
Ne ravage que les sommets;

En voyant ton front qui dépasse,
L’âpre destin, que rien ne lasse,
Voulut t’écraser sous sa loi ;
Et cherchant ce qu’il pouvait faire,
Il comprit que c’était le père
Qu’il atteindrait le mieux en toi !

Tu l’adorais tant, ce jeune homme!
Et comme il t’admirait! et comme
L’un de l’autre vous étiez fiers!
Lui de ton œuvre glorieuse,
Toi de la course audacieuse
Qu’il faisait par delà les mers!

« — Mon fils, l’officier de marine !.. »
Tu le disais, et ta poitrine