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tard vers l’âge de quarante ans, quand le terrain se trouve enrichi par d’abondans détritus. Au second, l’exploitation hâtive est rarement à conseiller, et le maintien des pins jusqu’à l’âge de fertilité assure généralement les revenus les plus avantageux et la reproduction naturelle des bois. L’un et l’autre cas se présentent en Sologne pour le pin sylvestre, en Champagne où, sur la craie, il paraît convenable de préférer le pin noir d’Autriche au pin sylvestre, et en beaucoup d’autres mauvais terrains.

L’état de massif permet seul d’obtenir toute la production possible du sol et de former les fûts par l’élagage naturel, qui a lieu peu à peu et sans dommage, tandis que tout enlèvement de branches vivantes est nuisible. Cependant le pin maritime donne lieu à une exception, motivée par le résinage. Entièrement uniformes et très denses, les jeunes pignadas provenant de semis artificiels doivent être éclaircies de très bonne heure, dès l’âge de six ou huit ans, fréquemment, tous les cinq ou six ans, et de plus en plus fort jusqu’à vingt ans, de manière à ne conserver à cet âge que six à sept cents tiges à l’hectare. Ensuite on commence à résiner sans aucun ménagement, avec plusieurs quarres, à mort, les pins destinés à disparaître quatre ans plus tard dans la prochaine éclaircie, deux cents tiges par exemple ; à vingt-cinq ans on répète cette opération, et à trente ans enfin, les arbres ayant la plupart 0m, 30 de diamètre, on ne laisse plus que 250 à 300 pieds par hectare, et on entreprend le résinage à vie. Le nombre des tiges se réduira encore et successivement à deux cents et même à cent cinquante vers l’âge de soixante à quatre-vingts ans, âge auquel on renouvelle la pignada. Ce n’est pas le nombre des tiges qui importe, c’est l’état isolé de chacune d’elles, tel que le soleil en éclaire la cime de toutes parts. Mais dès que les tiges sont isolées, les pins jouissent de tous les bienfaits de la lumière, et rien ne sert de les espacer de 10 mètres, comme on le fait souvent ; c’est diminuer le nombre des arbres sans accroître le rendement de chacun d’eux. En opérant les premières éclaircies, il est bon d’élaguer les branches basses des tiges conservées ; on prévient ainsi les nœuds qui se trouveraient sur le fût à résiner : l’entaille des quarres et l’écoulement de la résine se font plus facilement sur les couches de bois continues, qui plus tard ont recouvert la plaie d’élagage. Mais il est inutile et regrettable d’élaguer plus que la hauteur nécessaire aux quarres, qui est de 3 à 4 mètres. Le résinage même comporterait plus de modération qu’on n’en met d’ordinaire ; une quarre large de 0m, 08 seulement au lieu de 0m, 10 et un repos d’une année après quatre ans de résinage assureraient aux pins une vigueur, une richesse en résine et une longévité qu’on leur enlève en les épuisant. C’est là, quoi qu’il en soit, une sylviculture à vrai dire artificielle, et les forêts destinées