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nos administrations, qui aiment à faire grand et surtout à faire beau. L’administration de l’Assistance publique n’a pu résister au désir d’élever à Berck un bâtiment qui est à la vérité un modèle de construction hospitalière, mais qui a coûté déjà près de 3 millions, sans compter les dépenses assez considérables qu’on a été obligé de faire depuis pour en préserver l’existence compromise par les déplacemens du rivage de la mer. Cet établissement est magnifique : construit tout en briques, avec perrons et appuis de fenêtres en pierre de taille, il ressemble à s’y méprendre à ces grands hôtels qu’on construit en Angleterre au bord de la mer, et en particulier au Pavillon-Hotel de Folkestone. Le plan en est très simple. L’établissement a la forme d’une sorte de fer à cheval. Les bâtimens de droite et de gauche sont destinés à recevoir les garçons et les filles ; au premier étage sont les dortoirs, au rez-de-chaussée les réfectoires et ateliers, Au fond du fer à cheval sont situés les services généraux de l’hôpital, cuisine, buanderie, etc., et du côté de la plage le fer à cheval est fermé par un bâtiment plus bas pour ne pas faire obstacle à l’arrivée de l’air de mer. Les deux extrémités de ce bâtiment sont affectées aux logemens des employés et religieuses. Au centre s’élève la chapelle, qui sert en été aux baigneurs. Le bon aménagement intérieur répond à la disposition judicieuse du plan. Signalons, comme détails d’installation bien entendue, l’adoption du système des fenêtres anglaises dites familièrement à guillotine, qui permet d’aérer les salles par le haut, et la création d’une vaste piscine où les enfans peuvent en hiver prendre des bains de mer chauds.

D’après cette description sommaire, on voit tout de suite que, bien que l’établissement de Berck porte le nom administratif d’hôpital, l’installation en est fort différente de celle de Sainte-Eugénie et des Enfans-Malades. C’est beaucoup moins un hôpital qu’un asile hygiénique où, tout en soignant la santé des enfans, on s’efforce de les occuper, les filles à la couture, les garçons à diverses petites industries, et où on leur donne en même temps l’instruction primaire. On n’y envoie des hôpitaux de Paris que des enfans suffisamment valides pour n’être pas obligés de garder le lit habituellement, ce qui est la condition indispensable pour profiter du traitement ; le plus de temps possible doit être en effet passé en plein air. On mène les plus grands et les plus grandes en promenade le long des dunes, on fait asseoir les plus petits aux belles heures de la journée sur le bord de mer. Ils s’ébattent à leur aise, creusent des trous dans le sable et poussent des cris de joie en voyant la vague qui vient les remplir, tout comme ces jolis enfans brillans de vigueur et de santé qu’on voit jouer sur la plage de Trouville. Il y a quelque chose de consolant à penser que ces salutaires plaisirs sont