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nous était favorable, n’aurait jamais rien de définitif ? N’oublions pas que nos voisins sont un peuple de progrès, perpétuellement occupé à se juger lui-même, et que si nous nous endormions dans la pensée d’une supériorité acquise sur certains points, nous risquerions fort au réveil de nous trouver dépassés.


III

Revenons maintenant à notre sujet, c’est-à-dire aux enfans de Paris, et occupons-nous d’abord des convalescens. Il n’existe à Paris même que deux asiles qui leur soient ouverts, l’un pour les garçons, l’autre pour les filles, et ce sont deux asiles fondés par la charité privée. La maison de convalescence des garçons est située au no 67 de la rue de Sèvres. Cette maison est aujourd’hui exclusivement entretenue aux frais de trois hommes qui me sauraient mauvais gré de trahir ici le secret de leur bienfaisance. Leur œuvre est en effet moins connue que leurs noms, et, par sa modestie même, elle n’en mérite que plus d’intérêt. Cette œuvre avait à l’origine un caractère d’assistance à la fois médicale et religieuse. Ses fondateurs allaient eux-mêmes recruter dans les hôpitaux des petits malades pour les amener à leur maison de convalescence. Ils les choisissaient de préférence parmi les plus abandonnés, les plus ignorans, et après les avoir gardés assez longtemps pour leur donner quelques élémens d’instruction scolaire et religieuse, ils continuaient à les rassembler le dimanche par l’attrait d’un patronage. L’œuvre, en s’agrandissant, a changé de forme. Le patronage s’est transformé en une sorte d’asile-école pour les enfans vagabonds et abandonnés. Quant à la maison de la convalescence, elle a continué de subsister ; mais les enfans y sont envoyés directement par l’administration de l’assistance publique, qui paie à l’œuvre une somme de 40 fr. pour les garder pendant un mois. S’ils sont conservés passé ce délai, leur entretien tombe exclusivement à la charge de l’œuvre. C’est ce qui arrive fréquemment lorsque ces enfans sont à l’âge de la première * communion et que leur famille présente peu de garanties. On les garde alors jusqu’à l’accomplissement de cette cérémonie, qu’on est parfois obligé de faire précéder de l’administration du baptême. La maison, qui peut abriter en même temps 30 convalescens, n’en reçoit guère par an plus de 250 ou 300. Le séjour qu’y font les enfans est très profitable à leur santé ; mais il faut attribuer ce résultat plutôt aux bons soins dont ils sont l’objet de la part des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul qu’à l’aménagement même des bâtimens. Peut-être en effet l’emplacement de cette maison, qui est située dans un quartier populeux, non loin des élégans magasins du Bon-Marché, ne convient-il pas tout à fait à une œuvre de convalescence,