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LES
COLONIES FRANÇAISES
ET LE BUDGET

Dans un rapport à la chambre sur le budget de 1876, l’amiral Pothuau exposait que, déduction faite de la dotation du service colonial, montant à 42 millions de francs, le budget de la marine se trouvait réduit à la somme de 123 millions, — « chiffre insuffisant surtout à cause du taux élevé des dépenses relatives au matériel naval. » La discussion qui suivit fit ressortir les sacrifices qui avaient été imposés à la marine depuis la guerre de 1870. Un membre de l’assemblée en porta le calcul à la tribune. Les magasins de la marine ont été vidés au profit de la guerre, disait-il : elle a perdu de ce chef 30 millions qui ne lui ont pas été remboursés; les constructions navales ont été arrêtées, et de ce fait elle a été obligée de subir une annulation de crédits de 80 millions. Enfin, la paix faite, l’assemblée a cru nécessaire de réduire le budget de la marine, et les diminutions, pendant les années 1872 et 1873, se sont élevées à 33 millions. Somme toute, le service de la marine a vu, depuis 1869, l’ensemble de sa dotation réduit d’au moins 180 millions. Il en est résulté une diminution du nombre des officiers, dont les cadres ont été restreints d’office par des retraites forcées, l’interruption des constructions navales à une époque de transformation de toutes les marines et de création de flottes nouvelles, l’inactivité à terre d’un grand nombre de jeunes officiers. L’amiral, dans son rapport, disait à ce sujet : « Si les officiers naviguent peu, surtout lorsqu’ils sont jeunes, ils perdent le goût de leur métier. » En outre, l’artillerie a été fort délaissée. Or sa mission consiste non-seulement dans l’armement de notre flotte, mais des