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est souvent réduite à 20 ou 30 kilomètres, et elle ne va guère au-delà de 100. Sa superficie, qui est de 37,000 kilomètres carrés, est ainsi moitié moindre que celle du Victoria; elle est cependant encore aussi étendue que tout le Portugal. Le Tanganyka est situé dans le prolongement de la fissure où se trouve le lac Albert, et comme son élévation au-dessus du niveau de la mer dépasse d’environ 150 mètres celle de l’Albert, Livingstone et Grant avaient cru d’abord qu’il y déversait ses eaux et qu’ainsi il était la vraie source du Nil. Le lac reçoit plus de cent cours d’eau qui s’y précipitent, la plupart sous forme de torrens, tant ses bords se relèvent rapidement. En 1871, Livingstone et Stanley visitèrent avec soin l’extrémité nord du lac où devait se trouver la sortie supposée du Nil. Au lieu d’un émissaire, ils y virent déboucher une petite rivière, le Ruzizi, qui y apportait les eaux du lac de Kiro. La question se trouvait ainsi tranchée : le Tanganyka n’appartenait pas au bassin du Nil; mais par où donc s’écoulait le surplus de ses eaux? En 1873, Cameron résolut la question. Visitant avec soin toutes les anses et les affluens du lac, il découvrit enfin vers le milieu de la rive occidentale une rivière, le Lukuga, qui, au lieu d’y entrer, en sortait. La végétation aquatique y était si abondante qu’il lui fut impossible de suivre en barque le cours du Lukuga; mais il constata, dans son voyage vers Nyangwé, que cet émissaire du lac se jette dans une grande rivière, le Lualaba, qui n’est lui-même, d’après toutes les probabilités, que le Congo ou Zaïre. Une série d’autres lacs situés dans la même région alimentent encore ce fleuve puissant : ce sont le Bangweolo, aux bords duquel Livingstone a succombé, le Moero, le Kamalondo, étages les uns au-dessus des autres et reliés par la rivière Luapula, le lac Kassali, aperçu par Cameron, le Langi et le Sankorra, dont l’intrépide voyageur n’a pu approcher, malgré tous ses efforts.

A peu de distance de l’extrémité méridionale du Tanganyka, mais à 200 mètres plus bas, s’ouvre le Nyassa, qui remplit la même fissure du terrain, car il a la même largeur environ et la même direction du nord au sud, inclinant un peu vers l’est. Comme le Nyassa est moitié moins long, il n’a que 1,500 kilomètres carrés de superficie. Il se déverse dans le Zambèse par le Chiré, dont le cours, traversant une région montagneuse, est des plus accidenté. Le Nyassa n’étant pas très éloigné de la côte de Mozambique, on y arrive plus facilement qu’aux autres lacs. C’est sur sa rive méridionale que les missions écossaises ont établi la station de Livingstonia, qui est en pleine prospérité et qui possède même un petit vapeur pour parcourir le lac et entraver ainsi la traite dans toute cette région. Ajoutez encore les lacs Baringo et Manyara, l’un au nord, l’autre au sud du Kilimandjero et du Kenia, qui élèvent à