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Ce double service du traitement externe et du traitement interne exige un personnel nombreux ; aussi comprend-il, outre 1 médecin honoraire, 1 médecin en chef et 5 médecins assistans, 1 chirurgien en chef et 3 chirurgiens assistans, dont 1 dentiste. Nous sommes loin de ce médecin unique des infirmeries de workhouse. Peut-être même peut-on se demander s’il n’y a pas là un certain luxe de personnel, quand on compare le nombre des médecins avec celui des lits. Les consultations du traitement externe ont lieu le matin. Quant aux visites à l’intérieur de l’hôpital, elles se font dans l’après-midi, suivant un usage général, des hôpitaux anglais qui n’est pas sans inconvénient Les heures qui suivent le repos de la nuit sont celles où l’on juge Le mieux de l’état des malades ; mais les médecins d’hôpitaux à Londres sont des médecins très courus, et peut-être dans cette circonstance font-ils passer leur clientèle payante avant leur clientèle gratuite.

Si maintenant nous pénétrons à l’intérieur de l’hôpital, si nous visitons les cinq salles qui le composent, nous nous trouverons en présence d’une installation assurément très supérieure à celle des hôpitaux d’enfans que nous connaissons en France, Dans les salles éclairées des deux côtés par de larges fenêtres, il n’y a aucune odeur. La combinaison de la ventilation naturelle et de la ventilation artificielle fait disparaître jusqu’à cette atmosphère un peu lourde qu’on respire : en général dans les salles d’hôpital les mieux aérées. Les lits sont séparés les uns des autres par de larges intervalles ; de chaque salle dépendent une salle de bains et un cabinet de toilette d’une propreté minutieuse. Si l’on pouvait se servir d’un mot pareil lorsqu’il s’agit d’un hôpital, tout est confortable, et certainement ces beaux enfans anglais, dont la maladie parvient à peine à pâlir les joues roses, doivent s’y trouver tout aussi bien que chez eux, quoique la plupart paraissent appartenir à la classe à demi aisée. Enfin on reconnaît les dispositions ingénieuses de la charité privée à ceci : les murailles, au lieu d’être nues, sont ornées d’images qui représentent les unes des sujets religieux, les autres des histoires propres à amuser les enfans ; sur chaque lit sont répandus des jouets, et au milieu de la salle réservée aux plus grands s’élève un magnifique cheval à bascule qui sert à la fois à la récréation et à l’exercice.

Au point de vus de la classification des maladies, les salles sont divisées, comme chez nous, en salles de médecine et salles de chirurgie ; mais la séparation entre les chroniques et les aigus y est inconnue. Je ne crois pas qu’il faille le regretter. Ce n’est pas au reste la suppression de cette distinction assez artificielle qui constitue la différence la plus profonde entre les hôpitaux d’enfans à