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TROIS MOIS DE VOYAGE
LE PAYS BASQUE

II.[1]
L'ALAVA.


I

La province d’Alava, la plus petite de toute l’Espagne, compte environ 100,000 habitans, ni moins ni plus qu’une ville de troisième ordre, et cette population vit dispersée sur une étendue de 116 lieues carrées, entre une foule de bourgades, de hameaux, de caserios ou maisons isolées. Ainsi le veut la nature du terrain fort accidenté, coupé de vallées étroites et de hautes montagnes ; il s’aplanit pourtant vers le sud, dans la partie qu’on appelle la Rioja Alavesa et qui confine aux rives de l’Ebre. Par sa fertilité et sa situation, la Rioja correspond assez bien à la Ribera navarraise : elle est surtout connue pour ses vignobles. Les vignes d’Espagne sont en général d’espèces beaucoup plus fortes, plus feuillues et plus vivaces que les nôtres ; vers cent ans, elles sont en plein rapport, du moins dans les fonds argileux : j’en ai vu qui, suivant la tradition, avaient atteint déjà près de trois siècles et ne semblaient nullement affaiblies. On les plante très profondément, dans des fossés de 1 mètre et plus. Les grappes sont fort nombreuses à chaque pied et les grains du raisin si pressés qu’ils se chassent les uns les

  1. Voyez la Revue du 15 février.