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nouvelles, si j’ose dire ainsi, plus fraîches du faste funéraire étrusque. Tout récemment M. le comte Gozzadini, sénateur du royaume d’Italie et président du comité d’histoire nationale pour les Romagnes, a poursuivi sur des nécropoles ayant cette origine des fouilles fécondes de 1853 à 1869. On avait, dès le siècle dernier, exploré les nécropoles de Tarquinies, de Vulci et quelques autres situées dans les Marennes de la Toscane, non loin de Civita-Vecchia. C’est en s’inspirant de ces précédens, et de quelques indications de Pline, que M. Gozzadini a entrepris des recherches dans ses propres domaines et découvert successivement une première nécropole, celle de Villanova, puis celles de Marzabotto et de la Chartreuse (Certosa). De ces découvertes, résumées dans un excellent mémoire par M. Ch. Vergé, il résulte que la nécropole de Villanova remonte à deux ou trois siècles avant la fondation de Rome, tandis que celles de Marzabotto et de Certosa sont d’une époque ultérieure ; on les attribue au Ve ou VIe siècle avant notre ère. Toutes ces nécropoles ont une origine étrusque incontestée. La religion, l’art, le culte des morts, reçoivent des objets qu’on en a extraits en très grand nombre de précieux éclaircissemens. Aux objets communs, il s’en mêle qui ont un caractère d’art et de luxe, tels que monnaies, colliers, bracelets, ceintures, épingles de formes élégantes et variées, bagues au nombre de 45, bijoux d’or ornés du scarabée symbolique qui représente le passage de la vie à la mort, quantité de miroirs de fer et de bronze, enfin des ustensiles qui se rapportent aux coutumes funèbres. Tel est cet instrument particulier dont les pareils du mort se servaient pour se couper les cheveux et la barbe en signe de deuil ; telle est aussi cette plaque, ornée de dessins gravés, munie d’une poignée et sur laquelle on frappait avec un maillet à deux têtes pour accompagner les chants funèbres. Les statuettes de bronze, fort nombreuses, montrent un travail assez primitif pour la plupart, tandis que le goût et l’habileté que les Étrusques apportaient dans l’art céramique sont attestés par les poteries les plus anciennes des nécropoles bolonaises. Partout éclate l’étroite analogie des usages étrusques avec ceux qui subsistaient encore à la fin de la république et sons les empereurs : c’étaient les mêmes modes variés de sépulture, les mêmes cérémonies funèbres, le même symbolisme, Dans les tombes étrusques, ainsi que dans les tombes romaines, le vase que l’on brisait au moment de la sépulture rappelle la fragilité de la vie, en même temps que l’œuf qu’on y dépose est l’emblème de sa perpétuité par la reproduction. Quant à la présence d’os d’animaux dans les mêmes tombeaux, M. Gozzadini pense qu’elle peut s’expliquer soit par l’usage de brûler avec le mont certains animaux, tels que des chevaux et des chiens, soit par les repas de funérailles, soit enfin par les superstitions qui attribuaient à des amulettes tirées