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elle ne fut pas mise au nombre des idolâtries tant reprochées à Salomon ? Le colossal tombeau des Macchabées est aussi une exception motivée par le patriotisme, qui, par les mains de Simon Macchabée, l’orna de six pyramides, et en fit comme un phare qu’on apercevait de très loin. C’était le phare en effet de la nationalité juive personnifiée dans une famille héroïque : ce n’était pas le monument profane d’un faste idolâtrique.

Imposant par sa masse comme toutes les constructions de l’Orient, superbe par son aspect, le faste funéraire assyrien et chaldéen survit dans des monumens qui attestent un état social où la richesse et l’autorité créèrent des situations pleines de grandeur et d’éclat, tantôt au profit de classes privilégiées, tantôt, sous le niveau d’un commun despotisme, en faveur de hauts fonctionnaires ayant un train de vie digne des plus puissans princes. Si ces monumens, moins connus d’ailleurs que ceux de plusieurs autres nations orientales, abondent moins aussi en documens religieux, ils ne sont pas muets pourtant, et on peut dire qu’à certains égards le faste funéraire se confondait à Babylone avec ces temples et ces palais dont les inscriptions nous ont apporté tant de révélations inappréciables. On peut le voir, par le tombeau du dieu Bel-Mérodach, quelle qu’en ait été d’ailleurs la véritable origine, inclus dans la grande pyramide de Babylone. Cette chambre sépulcrale fut magnifiquement restaurée par Nabuchodonosor, qui, dans une inscription désormais célèbre, se vante d’avoir élevé sa coupole en forage de lys et de l’avoir revêtue d’or ciselé. L’une des découvertes les plus intéressantes qui aient été faites par l’exploration française, en 1852, est celle des tombeaux trouvés dans le tumulus d’Amran-ibn-Ali. Ce monticule, ainsi que les groupée d’Homagra et de Babel, faisait partie des palais royaux de la rive gauche de l’Euphrate. Les tranchées pratiquées sur le point nommé El-Kobour (les tombeaux) ont amené la découverte de plusieurs sarcophages renfermant des squelettes bardés de fer et portant des couronnes d’or. Ici pourtant il faut reconnaître que ces tombeaux, d’après M. Fulgence Fresnel lui-même, un des principaux explorateurs, sont d’une époque relativement rapprochée et se rapportent au temps d’Alexandre ; mais les plus vieilles tombes chaldéennes ont aussi mis au jour des objets d’or, de bronze et de fer, couteaux, hachettes, faux, bracelets, boucles d’oreilles. Ainsi s’est transmise dans ces populations, qui ont occupé le sol de la Babylonie depuis les temps les plus reculés, cette persistante pensée qui confère aux morts une sorte de vie et qui croit les honorer par des offrandes le plus souvent marquées d’un caractère de luxe. C’est cette pensée qui, dans plusieurs des tombes babyloniennes, a inspiré l’idée de placer, au-dessous du bandeau qui entoure le front, une certaine quantité d’or en feuilles qui