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LES SOUVENIRS
DU
CONSEILLER DE LA REINE VICTORIA

VIII.[1]
LES MARIAGES ESPAGNOLS.

La réception du roi Louis-Philippe au château de Windsor, cette réception qui, rapprochée de la visite du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV et de la visite du tsar Nicolas Ier a vraiment l’éclat d’une victoire, nous a suggéré cette conclusion toute naturelle : il ne reste plus qu’à maintenir cette amitié, à poursuivre ensemble les grands buts, à éviter les froissemens sur les choses de second ordre. C’est un programme qui s’offre de lui-même à l’esprit, et un programme si simple que l’exécution en semble assurée d’avance. D’où vient donc que dans les années qui suivent, cette amitié se trouble, des visées particulières se substituent aux grandes questions communes, des intérêts de second ordre font oublier l’intérêt permanent des deux pays ? d’où vient, dis-je, que deux années à peine après ces radieuses journées d’octobre 1844, au mois d’octobre 1846, l’entente cordiale est détruite ?

Ce n’est pas seulement l’entente cordiale qui est détruite, ce n’est pas seulement la froideur qui succède à l’affection, la défiance à la sympathie ; les meilleurs esprits de l’Angleterre se demandent avec inquiétude si la guerre ne va pas éclater au premier jour. L’éditeur des Mémoires de Stockmar a trouvé dans ses papiers la note extraordinaire que voici : « 19 février 1847. J’ai eu hier une longue

  1. Voyez la Revue du 1er janvier, du 1er février, du 1er mars, du 1er mai, du 15 août, du 1er novembre et du 1er décembre 1876.