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numéro d’une feuille imprimée sous le titre de New Zeitung aus Hispanien und Italien, qui porte la date du mois de février 1534. Ce journal, publié à Nuremberg, et dont on ne possède qu’un exemplaire unique, je crois, contient la nouvelle de la conquête du Pérou. C’est le premier écrit périodique qui rende compte d’un fait extérieur. Voici comment il s’exprime : « Le gouvernement de Panumyra (Panama) a écrit à sa majesté Charles V qu’un navire venait d’arriver du Pérou avec une lettre du régent Francisco Piscara (Pizarro), annonçant qu’il s’était emparé du pays ; avec 200 Espagnols, infanterie et cavalerie, il avait attaqué un grand seigneur nommé Cassiko (cacique). Les Espagnols avaient été vainqueurs et lui avaient pris 5,000 castillons (pièces d’or), et 20,000 marcs d’argent. Enfin on avait fait payer au même Cassiko 2 millions en or. »

Des journaux que nous venons de citer, si tant est qu’on puisse leur donner ce nom, il ne reste qu’un souvenir confus et quelques rares numéros enfouis dans des collections peu faciles d’accès, A mesure que nous avançons, l’obscurité disparaît, les faits et les dates se précisent. En 1615 paraît à Francfort die Frankfurter-Oberpostamts-Zeitung, qui fut le premier journal quotidien et qui existe encore. Jusqu’ici l’Angleterre ne figure pas sur cette liste chronologique. Ce n’est qu’en 1622 qu’elle prend le cinquième rang avec l’apparition du Weekly Newes, journal hebdomadaire, comme son nom l’indique, et qu’elle précède la France de neuf années. En 1631, la Gazette de France, est publiée à Paris. La Suède, l’Ecosse, la Hollande, inaugurent successivement l’ère du journalisme en 1644, 1653 et 1656.

C’est en 1690 que paraît a Boston le premier journal publié aux États-Unis sous le titre de Publick Occurrences. On a cru longtemps que le News Letter, publié quatorze ans plus tard, était le doyen des publications périodiques américaines. Il n’en est rien ; les recherches faites par le rév. J.-B. Felt constatent que la priorité appartient sans conteste à Benjamin Harris, éditeur du Publick Occurrences. J’ai sous les yeux une copie de son premier numéro, daté Boston, 25 septembre 1690. L’éditeur débute modestement : « Mon intention, dit-il, est de fournir au public une fois par mois un compte-rendu de ce qui pourrait se passer d’important. Si, par extraordinaire, il venait à ma connaissance quelque nouvelle sérieuse dans l’intervalle, je publierai une feuille extra. Je prie toutes les personnes honorables de Boston de me tenir au courant. Considérant surtout qu’il importe de faire la guerre à l’esprit de mensonge, je n’imprimerai rien dont je n’aie contrôlé l’exactitude, et si je commets quelque erreur involontaire, je la rectifierai dans le numéro suivant. »