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et pour l’Angleterre. En ce qui concerne ces deux pays, les livres et les documens abondent. M. Hatin, dans son savant ouvrage : Manuel de la liberté de la presse en France, nous a retracé les débuts et les tâtonnemens de nos devanciers, les luttes soutenues depuis François Ier jusqu’à la chute du second empire par les journalistes contre les divers pouvoirs qui se sont succédé. M. Germain nous a donné le Martyrologe de la presse de 1789 à 1864. Le même sujet a été traité par M. Fernand Girardin dans son livre : la Presse périodique de 1789 à 1867. En Angleterre, F. Knight Hunt a publié the Fourth Estate, Alexander Andrews the history of British Journalism, James Grant the Newspaper press, its origin, progress and present position. Aux États-Unis, les documens sont rares, et ce n’est que tout récemment qu’un écrivain consciencieux, Frédéric Hudson, a publié sur l’histoire du journalisme en Amérique un livre curieux, plein de faits intéressans, mais groupés sans ordre et d’une lecture fatigante. Avant lui, Isaïah Thomas avait écrit, en 1810, une Histoire de l’imprimerie aux États-Unis, et Joseph Buckingham un ouvrage intitulé : Buckingham’s reminiscences, dans lequel il parle incidemment de la presse dans les états de la Nouvelle-Angleterre. Ce dernier ouvrage parut en 1852 ; l’édition en est épuisée depuis longtemps. C’est à l’aide de ces matériaux divers et des écrits récens de Bennett, d’Henri Raymond et d’autres journalistes éminens qui nous ont laissé dans leurs mémoires les résultats de leurs travaux et de leur expérience personnelle, que nous essaierons de retracer l’histoire du journalisme aux États-Unis, depuis ses débuts jusqu’à nos jours.


I

C’est en 1438 que l’imprimerie fut découverte à Mayence. Le premier journal connu ne parut que dix-neuf ans plus tard à Nuremberg en 1457. En 1499, Ulrich Zell imprima la Chronick à Cologne. Ces premiers essais informes rappellent les acta diurna qui circulaient de main en main à Rome sous forme de manuscrits, et rendaient compte des incendies, des jugemens, exécutions, phénomènes atmosphériques et autres nouvelles locales. L’Italie dispute à l’Allemagne l’honneur de l’avoir devancée dans cette voie, et réclame la priorité pour Venise. La Grazetta, — ainsi nommée suivant les uns parce qu’elle se vendait une grazetta, petite pièce de monnaie d’alors, suivant d’autres du mot grazza, commérage, bavardage, — fut imprimée en 1570. On affirme qu’il en existe des copies dans une ou deux collections particulières à Londres. D’autre part, le catalogue la collection du British Muséum indique un