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La rosée naturelle ou artificielle, ainsi que les gouttes de pluie, ne présentent pas les mêmes inconvéniens; on y constate souvent la présence d’organismes mobiles, animés soit d’un mouvement tournant, soit de mouvemens irréguliers plus ou moins rapides, qui ne laissent aucun doute sur la véritable nature de ces corpuscules microscopiques : ce sont des vibrions ou des bactéries. A certains jours, notamment pendant les mois de février et de mars, on a trouvé dans les récoltes faites sur la glycérine de grandes quantités de corpuscules incolores et presque imperceptibles, car ils n’avaient pas une épaisseur d’un demi-millième de millimètre. « Comme des corpuscules semblables s’étaient quelquefois rencontrés dans les eaux météoriques et qu’ils y possédaient un mouvement lent circulaire, dit M. Schœnauer, il est probable que ce sont pour la plupart des zoospores. Il est probable aussi que, dans la quantité, il s’en trouve beaucoup qui sont des germes d’infusoires. » Ces globules tout petits ont graduellement disparu vers le mois de mai; par contre, les spores de cryptogames sont alors devenus plus abondans.

Nous n’entrerons pas dans plus de détails sur ces observations, dont la discussion serait peut-être encore prématurée. Il faudra attendre qu’on en possède des séries simultanées faites en plusieurs stations, comme on peut espérer que nous en aurons bientôt, grâce à l’organisation du service météorologique municipal qui a commencé à fonctionner le 1er janvier. On sait que l’observatoire de Montsouris, qui n’est régulièrement doté que depuis 1871, ne dispose pas de ressources bien considérables; mais en avril 1876, l’administration de Paris, ayant décidé que des études de météorologie appliquées à l’hygiène seraient faites dans les divers quartiers de la ville, a chargé Montsouris de ce soin, en affectant à cet objet une subvention annuelle de 12,000 francs. Il y avait déjà, à la vérité, en dehors de Montsouris, trois autres observatoires situés à la circonférence de l’agglomération parisienne : l’un au nord, dans le village d’Aubervilliers, à quelques centaines de mètres des fortifications, le second à Saint-Maur, à l’est et à quelques kilomètres de la ville, placés tous deux sous la direction de M. Belgrand, inspecteur général des ponts et chaussées, directeur des eaux et égouts de Paris, le troisième à Versailles, dirigé par M. le docteur Bérigny; puis diverses stations disséminées à l’intérieur de Paris, où des constatations relatives à la pluie, à l’ozone, à l’état des eaux de la Seine et à la température des eaux livrées à la consommation, étaient faites sous la direction de M. Belgrand, et régulièrement publiées dans le Bulletin de statistique municipale. Mais le « service intérieur » a été organisé maintenant de façon qu’il embrasse les diverses recherches de météorologie appliquée à l’hygiène, déjà inaugurées à Montsouris; il comprend vingt et une stations distribuées dans les divers quartiers de Paris.

Le but principal de ces études sera évidemment l’investigation des rapports qui existent entre l’état général de, la santé publique et les impuretés