vingt-quatre heures, et de barboteurs garnis de liquides spéciaux, à travers lesquels on fait passer cet air. Jusqu’à présent, les expériences ont eu principalement pour objet le dosage de l’acide carbonique et de l’ozone, puis aussi de l’ammoniaque, de l’acide azoteux et de l’acide azotique. La proportion d’acide carbonique varie depuis 22 jusqu’à 31 litres pour 100,000 litres d’air : l’air de Montsouris renfermerait donc en moyenne l’acide carbonique à la dose de 1/4000. Quant à l’ozone, on n’en a guère trouvé plus de 6 ou 7 milligrammes dans 100,000 litres d’air.
Lorsqu’on fait ces expériences, on bouche le tuyau de prise d’air avec du coton cardé afin d’arrêter les poussières ; au bout de quelques jours, le coton prend une teinte grise dans toute son épaisseur, et on le renouvelle. Mais ces poussières elles-mêmes méritent d’être étudiées. Elles se composent de matières minérales, parmi lesquelles on remarque le carbonate de chaux, le charbon, le fer, et des matières organiques de nature très diverse. Ce sont d’abord beaucoup de débris provenant des foyers de la ville, épaves microscopiques de la civilisation; puis des spores de cryptogames, des pollens, des grains d’amidon, etc., enfin des corpuscules excessivement ténus qui semblent autant de germes d’êtres vivans. On a essayé, par divers moyens, de se rendre compte de la quantité de matière organique contenue dans l’air, dans l’eau de pluie, dans celle des rivières ; mais cette quantité est le plus souvent si faible que c’est à peine si les réactifs ont prise sur elle. On en trouve quelques centièmes de milligramme par litre d’eau. Au surplus, ce qu’il y a de vraiment intéressant dans ces poussières, ce sont les organismes vivans, et malgré leur nombre, ils ne forment en général qu’une fraction insignifiante de la matière recueillie : pour les reconnaître, il faut recourir au microscope. Le météorologiste voit s’ouvrir là devant lui tout un vaste champ de recherches qui est à peine défriché : la micrographie de l’air est une branche dont l’importance s’accroîtra chaque jour.
Guidé par une obscure intuition, Hippocrate se méfiait déjà de l’air et lui attribuait un rôle capital dans la production des phénomènes morbides : « l’air trop humide ou trop sec, disait-il, est la cause de toutes les maladies. » Ce n’est là encore qu’un bien petit côté de la question. La sécheresse ou l’humidité de l’atmosphère est sans doute pour quelque chose dans notre état de santé; mais en outre la conviction gagne de plus en plus les esprits que l’air charrie les germes matériels d’une foule d’affections, et que notamment les épidémies sont dues à des miasmes organisés. Nous sommes un champ toujours exposé à être ensemencé de germes de mort. Les végétaux parasites et les animalcules de la putréfaction sont les ouvriers invisibles auxquels est échue la tâche de désorganiser ce qui doit périr et faire retour à la poussière. Ils sont légion : leurs germes sont répandus dans l’atmosphère par essaims; ils s’attachent à tout ce qui est marqué pour la