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agricole. Enfin M. Berthelot a démontré que, sous l’influence de l’électricité atmosphérique, l’azote de l’air peut se fixer directement sur les composés organiques du sol, et que cette fixation est favorisée par le développement de certains végétaux microscopiques. Là est probablement l’explication de l’excédant de l’azote des récoltes sur l’azote des engrais. Aussi se propose-t-on, à Montsouris, de joindre à la recherche des composés azotés de l’air celle des composés qui se forment directement dans le sol. Le dosage régulier de cet engrais météorique remplacera l’analyse périodique des céréales cultivées jusqu’ici dans des cases et des wagonnets, cette tâche pouvant être abandonnée désormais à l’Institut agricole nouvellement créé, qui dispose, pour ces sortes de recherches, de ressources considérables, et notamment de vastes terrains.

L’analyse chimique des pluies a été commencée à Montsouris depuis plusieurs années par M. Albert Lévy, assisté de M. Allaire. Pour ces expériences, on a installé dans le parc un récepteur de 4 mètres superficiels, donnant 4 litres d’eau par millimètre de pluie, et formé de quatre glaces de Saint-Gobain légèrement cintrées. Ces glaces sont placées par paires de chaque côté d’une rigole en cristal qui reçoit les eaux et les conduit dans des récipiens en verre. Voici quelques-uns des résultats qui ont été obtenus l’année dernière par l’analyse des eaux ainsi recueillies. La quantité d’ammoniaque contenue dans 1 litre d’eau de pluie a été en moyenne de 2milligr., 40, ce qui donne, pour un total de 0m, 570 de pluie tombée depuis le 1er octobre 1875 jusqu’au 30 septembre 1876, une quantité totale de 1gr., 363 d’ammoniaque versée sur chaque mètre carré du parc de Montsouris, — plus de 13 kilogrammes par hectare. La proportion la plus forte est de 4 milligrammes par litre (janvier 1876). À ces poids, il faudrait ajouter les quantités d’alcali que le sol prend à l’air, soit directement, soit par la condensation de la vapeur d’eau; par contre, il faudrait en défalquer l’azote qu’entraînent les eaux souterraines sous forme d’ammoniaque ou d’acide nitrique ou nitreux. Le dosage de ces acides dans les pluies ne se fait pas encore d’une manière régulière; on en est encore aux tâtonnemens. Les expériences du printemps dernier ont donné en moyenne 1 milligramme d’acide azoteux par litre, et un total de 0gr,164 par mètre carré (contre 0gr, 378 d’ammoniaque) dans l’espace de quatre mois. Il est des pluies où l’on ne trouve pas trace d’acide; il en est d’autres, surtout après des orages, où l’on en trouve des quantités notables.

Les pluies, en lavant l’atmosphère, nous donnent déjà une idée des impuretés qui s’y rencontrent; mais elles sont accidentelles et irrégulières. En outre, elles se forment dans les hautes régions de l’atmosphère et ne traversent les couches inférieures que dans un temps très court. L’analyse directe de l’air est donc indispensable pour en connaître à chaque moment la composition. A Montsouris, on se sert à cet effet d’une trompe à quatre tubes débitant environ 1,500 litres par