Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/955

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ESSAIS ET NOTICES.

A L’OBSERVATOIRE DE MONTSOURIS.
LES ANALYSES DE L’AIR


La persistance avec laquelle reparaît dans toutes les conversations ce thème rebattu de la pluie et du beau temps montre assez quel rôle cette question joue dans notre existence. Ce qui peut étonner, c’est qu’une préoccupation si constante, si générale et surtout si bien fondée, ait abouti si tard à des résultats pratiques, car ce n’est guère que depuis une vingtaine d’années que la météorologie a pris un sérieux essor. En même temps qu’elle voit s’accroître ses ressources et se multiplier le nombre de ses adeptes, elle tend à élargir son cadre pour embrasser de plus vastes horizons. On s’en aperçoit en jetant un coup d’œil sur le Bulletin mensuel de l’observatoire de Montsouris ou sur l’excellent Annuaire que M. Marié-Davy publie régulièrement chaque année.

La température de l’air et celle du sol, la pression atmosphérique, dont le baromètre accuse les variations, l’humidité de l’air, l’état du ciel, la direction et la force des vents, la quantité de pluie et de neige tombée, voilà ce qui constituait autrefois le domaine d’un observatoire météorologique. À ces divers sujets de recherches, qui composaient le programme traditionnel de la météorologie classique, sont venues s’ajouter d’abord une série de questions d’un accès plus difficile et que jusque-là s’étaient réservées les physiciens : le magnétisme terrestre, l’électricité atmosphérique, l’ozone, l’activité des rayons solaires. Toutes ces forces mystérieuses dont le travail incessant règle la vie à la surface de notre planète, et qui se révèlent quelquefois par des phénomènes grandioses, par des crises bienfaisantes ou terribles, sont déjà assez intéressantes par elles-mêmes pour mériter une étude suivie; mais il se trouve en outre qu’elles sont dans une corrélation certaine avec ce qu’on appelle le temps. Pour ne citer que deux exemples, M. Marié-Davy a constaté que les boussoles, aussi bien que les papiers ozonoscopiques, peuvent nous renseigner sur l’état général de l’atmosphère. « Bien que nous soyons encore loin, dit-il, de pouvoir établir une relation simple et sûre entre les mouvemens de l’aiguille aimantée et les variations du temps, la boussole peut cependant être rangée parmi les instrumens météorologiques les plus propres à donner des indications utiles sur les probabilités de changemens de temps. De l’étude que nous avons commencée avec M. Descroix, il résulte déjà que les perturbations ou de moindres anomalies, constatées dans la déclinaison, accusent