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catholiques sont depuis le commencement du siècle renfermés dans les séminaires diocésains. Il est vrai que l’état entretient à Paris, à Lyon, à Bordeaux, à Rouen, à Aix, des facultés de théologie; mais par une exception particulière à la France, elles ne sont pas reconnues du Saint-Siège, et elles décernent des grades qui n’ont point de valeur canonique. La loi du 13 mars 1804, l’ordonnance du 25 décembre 1830, qui exigent ces grades pour les hautes fonctions ecclésiastiques, n’ont pas été observées. Tout le monde se rappelle à quels débats donna lieu dernièrement dans les chambres la suppression proposée de ces facultés de théologie. Le ministre s’y opposa, selon nous avec raison, car si le divorce entre un parti extrême et la société s’accuse tous les jours davantage, il ne faut point que la cause en puisse être reportée sur l’état.

Outre les cinq facultés de théologie catholique, l’état entretenait autrefois deux facultés de théologie protestante à Strasbourg et à Montauban. Tout aspirant au ministère pastoral doit avoir suivi les cours pendant un temps déterminé et justifier, entre autres conditions, du grade de bachelier en théologie. La faculté de Strasbourg a été détruite par la guerre, et jusqu’à présent on ne l’a point relevée. Nous espérons qu’elle viendra prendre sa place dans l’université de Paris : combien d’éminens savans, — philologues, orientalistes, historiens, — les universités allemandes et hollandaises n’ont-elles pas dus à leur faculté de théologie! L’alliance entre ces études s’est encore vérifiée depuis la guerre, car notre enseignement supérieur et secondaire doit quelques-uns de ses meilleurs maîtres aux débris de la faculté et du séminaire protestant de Strasbourg.

Nous avons réservé pour la fin une grave question : le mode de nomination des professeurs. Prévenir la brigue, empêcher les influences, choisir le mérite, c’est le but qu’on a espéré atteindre tour à tour par les moyens les plus divers, tels que concours, élection, présentation par des corps différens, décision laissée au chef de l’état ou au conseil supérieur. Comme les modes de nomination sont appliqués par les hommes, il ne faut pas une grande pénétration pour discerner que l’esprit qui anime les hommes fait la valeur du mode de nomination. Je pourrais citer tel canton suisse où les choix sont faits exclusivement par un conseiller d’état, et où, malgré le danger de cette concentration de pouvoir, l’université présente toujours un ensemble remarquable d’hommes distingués en tout genre; mais le conseiller, qui est épris de son université, voyage par toute l’Europe comme un impresario, s’assied dans les salles de cours, et après avoir écouté les professeurs, va leur proposer, s’il les trouve à son goût et s’il espère les convaincre, un engagement avantageux pour quelques années. Il arrive ainsi à