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DE
YEDDO A PARIS
NOTES D'UN PASSANT.[1]

II.
MANILLE. — SINGAPORE.


IV.

26 mars. — Le soleil, en se levant, illumine la baie et la ville; les montagnes volcaniques de Luçon se dressent tout autour de nous et nous cachent la haute mer; dans la brume matinale on distingue les mâts, les dômes, les clochers de Manille, surgissant au-dessus d’une cité plate, bâtie au niveau de la marée. Quelques heures se passent à attendre la libre pratique, et nous entrons à petite vitesse dans les eaux jaunes du Passig, dont l’embouchure est protégée par un fort et une jetée. De chaque côté sont rangées les embarcations pontées, d’une forme toute spéciale, qui servent aux petits voyages dans l’archipel. Sur la rive gauche s’étend la ville de guerre, enfermée dans ses bastions et ses retranchemens; sur la rive droite, la ville marchande, où nous abordons après 1 mille environ de navigation; c’est là que le port maritime se termine par un pont en pierre. C’est aujourd’hui dimanche et la douane est fermée. On ne peut cependant ni rester à bord jusqu’à demain ni descendre sans bagages. J’essaie de me rendre à terre avec un sac à la main,

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1876.