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de tumulte et de temps perdu pour savoir quelle date un sous-préfet avait pu mettre sur un permis de chasse. Il paraît que c’était une affaire importante, digne du parlement ! L’incident le plus grave est le choix de la commission du budget, qui n’est point, à vrai dire, tout ce qu’on pouvait attendre de mieux. Cette fois, comme l’an dernier, la majorité appartient à une opinion républicaine assez avancée, et toujours comme l’an dernier, la commission s’est donné pour président M. Gambetta, qui aspire visiblement à l’inamovibilité d’une magistrature financière. Soit, tout ce qu’on peut désirer, c’est que la commission nouvelle évite les lenteurs et les fautes de la commission qui l’a précédée, qu’elle hâte son travail pour ne pas nécessiter encore une fois une session extraordinaire, qu’elle ne bouleverse pas trop de crédits, qu’elle n’abroge pas des lois à propos du budget. Sans cela on recommencera l’histoire de ces deux malheureux sous-préfets de Sceaux et de Saint-Denis, qu’on a supprimés, l’an dernier et qu’on propose aujourd’hui de rétablir ou, si l’on veut, de remplacer par un seul sous préfet, en maintenant d’ailleurs les deux arrondissemens. Il est vrai que le nouveau sous-préfet ne s’appellera plus un sous-préfet, et qu’il habitera Paris au lieu d’habiter Saint-Denis, qui est au nord, ou Sceaux, qui est au sud. C’est ce qui s’appelle simplifier les choses, se servir du budget pour accomplir des réformes et surtout être sérieux !

Un mot encore. Quelques lecteurs ont mis une insistance nouvelle à demander si, en perdant son regrettable et éminent fondateur, la Revue allait éprouver quelque changement dans sa direction traditionnelle. Ils peuvent se rassurer, il n’en est rien. Depuis plus d’un an déjà, le fils du directeur, M. Charles Buloz, a remplacé tout naturellement son père, si cruellement atteint dans sa santé, et aujourd’hui comme hier, comme par le passé, la Revue reste dévouée aux mêmes opinions, aux mêmes idées.

ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.

LA LIBERTE EN RUSSIE.

Les Russes s’étonnent, non sans quelque raison, des défiances de l’Europe à l’égard de leur politique orienlale. Ils sont surpris de n’être pas davantage soutenus par l’opinion libérale de l’Occident, alors qu’en réc’amant des garanties pour les sujets chrétiens de la Porte ils représentent manifestement la cause de la civilisation et de la liberté. Cette sorte de contradiction, d’inconséquence de la presse et de l’opinion européenne, s’explique par les inconséquences de la politique russe. L’attitude parfois peu libérale de la censure ou de la police du gouver-