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est offert pour quelques shillings, après avoir été proposé pour plusieurs livres. À terre, même commerce à l’hôtel ; cela devient rapidement intolérable : c’est le cas de prendre une voiture et de se faire transporter dans quelque site de cette interminable forêt de cocotiers qui entoure Galles. Baquela est la promenade classique.

C’est l’exemplaire non pas le plus parfait, mais le plus voisin, des beautés de Ceylan. Au bout d’une heure de voiture, au milieu des cocotiers et des rizières où l’on voit travailler les Indiens, nus, enfoncés dans le limon jusqu’à la ceinture, après avoir traversé des marécages pleins de palétuviers et de végétations pourrissantes, on arrive au pied d’une colline qu’il faut gravir à pied. De là se déroule sous vos yeux un spectacle merveilleux : à votre droite, la vallée que vous venez de parcourir, où se marient tous les tons de verdure, depuis le plus tendre jusqu’au plus foncé ; à vos pieds et à gauche, une nappe d’eau provenant du canal maritime qui baigne la colline, et sur laquelle glissent les pirogues ; au-delà, des hauteurs couvertes de forêts sombres, et, dans le lointain, une immense chaîne de montagnes que domine un mamelon assez semblable au Puy-Griou d’Auvergne, et qu’on appelle le pic d’Adam, C’est là que Brahma posa une dernière fois, avant de remonter au ciel, son pied divin dont on montre encore l’empreinte gigantesque sur le sommet. Une petite case offre un abri momentané aux promeneurs accablés par les ardeurs du soleil ; un bambin, leste comme un écureuil, grimpe dans un arbre et vous rapporte une noix dont l’eau trop chaude n’a qu’une saveur fade, aussitôt que le soleil monte sur l’horizon. De petits rongeurs, qu’on appelle les rats palmistes, courent d’arbre en arbre ; une perruche s’envole, un martin-pêcheur bleu sautille gaîment, de gros lézards montrent leur tête effarée ; mais ces parages ont des hôtes moins aimables, car à quelques minutes de là nous apercevons un serpent d’aspect fort rébarbatif, que des enfans viennent de tuer.

Au retour, la monotonie superbe de ces paysages s’accentue encore, elle est interrompue par une pagode d’assez pauvre aspect qu’il faut se faire ouvrir, si l’on veut connaître ce qu’elle a de curieux. Le bonze, qui habite une petite cabane voisine et qui épie l’arrivée des visiteurs, survient muni de ses clés, sans mot dire, et vous introduit dans le temple ; ce n’est que par tolérance qu’il vous laisse garder vos chaussures. Le monument est quadrangulaire. On est introduit d’abord dans un couloir qui circule autour des quatre côtés ; les murs en sont peints à fresque et ornés de bas-reliefs polychromes en bois, représentant des déités debout, dans une gaîne dont les peintures égyptiennes du Louvre peuvent donner une idée. Puis on pénètre dans le temple proprement dit.