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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1877.

Voilà bientôt deux ans que l’existence de la république a été fixée et régularisée par une constitution sortie, non sans efforts, des délibérations d’une assemblée souveraine qui n’avait plus qu’à faire son testament avant de mourir. Voilà déjà un an que cette constitution est devenue plus complètement une réalité par l’élection de deux chambres destinées à exercer, concurremment avec M. le président de la république, les pouvoirs réguliers créés par le régime de 1875. Une première session s’est déroulée pendant quelques mois de 1876; elle a été suivie d’une session extraordinaire de quelques semaines. Aujourd’hui voici une seconde session régulière qui vient de commencer avec la nouvelle année, et elle s’est ouverte presque au lendemain d’une crise ministérielle, sous l’impression à peine effacée des menaces de conflits qui ont signalé les derniers jours de l’autre mois. Sénat, chambre des députés, ministère reconstitué, pouvoirs de toute sorte se retrouvent en présence après une courte séparation, et entrent ensemble dans cette carrière de l’année qui s’inaugure d’une manière un peu indécise, où va se poursuivre l’expérience des institutions nouvelles. Quelle va être maintenant la position du ministère dans les assemblées, et par quels actes, par quels procédés de gouvernement se dispose-t-il à caractériser, à défendre sa politique? Comment le sénat comprend-il son rôle dans cette situation modifiée depuis un mois? Que va faire la chambre des députés elle-même avec une majorité que se disputent déjà peut-être des influences rivales? C’est le problème de l’année qui commence, de cette session qui s’ouvre et qui certainement peut être décisive pour la paix publique, pour l’affermissement des institutions. Tout dépend aujourd’hui des débats parlementaires qui vont s’engager, de l’esprit qui animera les assemblées dans leurs travaux de chaque jour, comme aussi de l’autorité que le ministère saura prendre au milieu de tous les conflits de partis qui n’ont le plus souvent d’autre résultat que de créer