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M. Augustin Thierry, et terminé après sa mort par le plus ancien de ses collaborateurs. Ce recueil ne sera point continué; mais, quoique limité à la Picardie, il donne une idée exacte et complète de ce qu’étaient nos anciennes communes, et ce n’est pas l’un des côtés les moins curieux de nos annales que de voir comment des populations abandonnées à elles-mêmes au milieu de l’immense morcellement du moyen âge ont contribué à la fondation de l’unité française, et combien était libre et fortement organisé, dans la monarchie absolue des Capétiens, le gouvernement des villes par les citoyens eux-mêmes.

A l’ancienne série des Dictionnaires topographiques de la France, publiée, comme les Documens inédits, aux frais de l’état, sont venus s’ajouter ceux du département de l’Aube, de la Meuse, de la Dordogne et de l’ancienne Moselle. Ces dictionnaires contiennent, pour chacune des circonscriptions qu’ils concernent, les noms des villes, villages, hameaux, écarts et lieux dits, avec la date de leur première mention historique, les changemens successifs de leurs noms, le passage de la forme latine à la forme française. Par malheur, au lieu de réunir les noms par ordre alphabétique dans un seul et même cadre, on a morcelé le travail en autant de fascicules qu’il y a de départemens. Cette erreur de méthode restreindra pour longtemps encore l’usage si précieux pourtant de ces dictionnaires, car en attendant qu’ils soient tous terminés et qu’un index général les résume, il faudra, quand on ne connaîtra pas la situation ou le nom latin d’une ville et d’un village et que l’on voudra les connaître, les chercher dans chacun des départemens publiés, et, pour peu que l’on ne soit pas servi par le hasard, recommencer la recherche vingt, trente ou cinquante fois. Les Archives des Missions scientifiques offrent aussi dans leurs dernières livraisons des documens fort importans. Elles vont encore s’enrichir bientôt des rapports de M. Molard, qui recueille en ce moment à Gênes et à Turin les actes de toute nature relatifs à la France, et des rapports de M. Violet, chargé d’explorer Genève, Rome et Munich pour collationner les divers manuscrits des Établissemens de saint Louis, et de fixer le texte de ce monument législatif, justement regardé comme le plus grand essai de codification générale qui ait été tenté entre Justinien et Napoléon Ier.

En même temps qu’elle prépare le Corpus inscriptionmn semiticarum, l’Académie des Inscriptions continue ses grands recueils : les chartes et diplômes, les ordonnances, les historiens de France, l’histoire littéraire, les mémoires. Elle a fait paraître le premier volume des historiens orientaux des croisades, œuvre capitale qui ne peut manquer de modifier nos idées au sujet des invasions chrétiennes dans la terre-sainte. Nos chroniqueurs nous ont inoculé