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frégates de première classe pris dans les rangs de l’ancienne flotte à voiles. Ces huit bâtimens, après avoir été cuirassés, seraient stationnés au Texel et pourraient, en cas de débarquement sur la côte de Hollande, prendre position dans l’Escaut. En outre, la commission projetait la transformation de six autres bâtimens à hélice de première classe, lesquels seraient particulièrement affectés à la station « de Hollandsch-Diep et des rivières qui y correspondent. » Elle ajoutait : « Lorsque cette petite flotte sera complétée par des batteries flottantes et un certain nombre de canonnières cuirassées, la défense du pays sera garantie par la marine autant que ses moyens le lui permettent. »

La flotte transformée ainsi devait présenter un effectif de soixante et onze bâtimens, y compris trente-trois canonnières cuirassées et cinq batteries flottantes, provenant de deux anciens vaisseaux de ligne et de trois anciennes frégates. Comme en Hollande on ne contracte pas des obligations de dépense sans en connaître exactement le montant, la commission en avait fait le calcul et elle avait reconnu que le crédit à ouvrir ne dépasserait pas 12,392,910 florins, à raison de 2 fr. 10 cent., soit : 26,025,111 francs. C’eût été un sacrifice en pure perte, s’il se fût agi de constituer une flotte de combat capable de lutter en haute mer contre les cuirassés des grandes puissances. Réduits au rôle de la défense territoriale, ces bâtimens transformés peuvent être fort utiles dans un pays coupé par de nombreux canaux, des étangs considérables et des fleuves de premier ordre. Là où les grands navires cuirassés, dont la quille plonge dans la mer trop profondément pour permettre la navigation intérieure seraient superflus, les navires transformés et revêtus d’une cuirasse qui résiste à l’artillerie de campagne rendront de grands services.

Pour compléter la liste des bâtimens de la marine hollandaise, il faudrait compter encore ceux qui sont spécialement affectés aux colonies. Celles-ci sont très importantes et très prospères; elles sont défendues par une armée aguerrie qui n’est pas exclusivement nationale et qu’on recrute un peu partout, en assurant aux soldats de grands avantages ainsi qu’une retraite fort enviable après quarante années de service; mais aborder cette question serait sortir de notre sujet.

La commission avait proposé de répartir en dix années le crédit nécessaire pour la transformation projetée; il ne paraît pas qu’on ait persisté à l’employer entièrement. Le matériel toutefois a été fort amélioré. Un certain nombre de bâtimens ont été cuirassés par la méthode expéditive indiquée dans le rapport. Et la flotte en somme est devenue plus forte et mieux armée, quoiqu’elle ait perdu