Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
MARINES SECONDAIRES
DE LA BALTIQUE ET DE LA MER DU NORD

Les marines du Danemark, de la Suède et Norvège et de la Hollande sont comprises dans celles qu’un formidable voisinage menace d’un assujettissement plus ou moins prochain. On n’est pas sans craintes à ce sujet dans les pays que nous venons de nommer. Ces craintes sont-elles chimériques? On aurait tort de le croire, car elles sont confirmées par de sérieux indices. La Prusse ne cherche pas à déguiser ses convoitises. Avant la guerre de France, elle ne faisait pas mystère de ses prétentions sur l’Alsace et la Lorraine. Aujourd’hui elle ne dissimule pas davantage ses projets sur le Danemark et la Hollande. Pour préparer « le moment psychologique, » elle a l’habitude de lancer ses « reptiles » de la presse subventionnée et de disposer l’esprit de la jeunesse prussienne par les livres classiques destinés à l’instruction : ballons d’essai, bourrés, enflés des plus grossières erreurs, que des professeurs accrédités ne refusent pas de signer. Voici, par exemple, comment s’exprime dans un précis, officiellement enseigné, un géographe qui fut professeur et inspecteur au gymnase de Halle. « La Hollande et le Danemark sont considérés comme appendices de l’Allemagne parce qu’ils sont situés, en grande partie, en dedans des limites naturelles de l’Allemagne[1]. » On eût qualifié autrefois cette proposition d’outrecuidante, puisque ni les Hollandais ni les Danois ne parlent la langue allemande, que ces deux peuples ont un passé historique qui leur appartient en propre, et qu’ils n’ont aucune affinité avec l’Allemagne,

  1. Leitfaden für den Unterricht in der Geographie. Cité dans l’ouvrage intitulé les Frontières menacées de la Hollande.