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grelots dans la maison d’un marchand du Céleste-Empire. La foule se presse devant la fête, qui touche à sa fin : quelques vieillards incorrigibles jouent, accoudés sur des tables; le marié, vêtu de ses plus riches atours, exécute un cavalier seul des plus audacieux; quant à la jeune épouse, elle s’est déjà retirée.

Le lendemain matin, cravatés, gantés, étouffant dans nos habits noirs, nous montons à l’heure dite dans la voiture du résident, que signale de loin un parasol d’or tenu par un valet de pied ; il n’aurait garde de sortir sans cet insigne de son rang, nécessaire au prestige qu’il faut exercer sur l’esprit des indigènes; nous arrivons dans cet équipage au pied même du Pandoepo, où son altesse nous attend et vient au-devant de nous. Le Pandoepo, partie essentielle de toute résidence seigneuriale, est un vaste hangar, supporté par une colonnade de bois et élevé de quelques marches au-dessus du sol, qui sert de péristyle au palais. Celui du prince est magnifiquement orné, dallé en marbre, couvert de dorures et pourvu de lustres qui, dans les fêtes nocturnes, peuvent l’inonder de lumière. Après les salutations d’usage, le prince nous fait monter dans le salon de réception, ouvert sur le devant et dominant un peu le Pandoepo. Là, tandis que des esclaves se livrent à mille contorsions pour nous apporter du thé, des cigares, sans quitter la posture agenouillée, et pour présenter au prince, sur un geste, la boîte d’or où il prend le bétel et le vase d’or où il crache, nous avons tout loisir de considérer son altesse. C’est un homme d’environ quarante-cinq ans, d’une physionomie intelligente sous sa laideur, vêtu de l’uniforme de général hollandais, mais coiffé néanmoins d’un petit turban noir, par-dessus lequel il fait tenir tant bien que mal son képi. Nous l’avons interrompu dans la revue de ses troupes, qui, casernées autour de son palais, viennent chaque jour manœuvrer sous ses yeux dans la vaste cour qui entoure le Pandoepo. Il nous propose de continuer l’exercice; sa petite armée de 500 à 600 hommes, équipés et manœuvrant à l’européenne, képi et turban en tête, défile devant nous. La petite taille de quelques soldats est presque ridicule sous cet uniforme, mais le général et les officiers se prennent si bien au sérieux qu’ils relèvent l’ensemble. Un repas servi à la hollandaise attend les officiers à la fin de la revue. Quant à nous, on nous offre d’excellent madère, tandis que le fils des croyans déguste pieusement un verre de limonade. Rien n’est plus curieux assurément que cet intérieur de petit souverain asiatique à demi européanisé; mais son altesse nous a préparé une surprise infiniment plus agréable que le défilé par pelotons. A force de ramper des profondeurs de la salle, des musiciens sont venus se ranger près des instrumens disposés à l’avance dans un coin, et nous