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grèverait pas le trésor d’une surcharge de plus de 3 millions de roubles. Cette double consolidation réduirait le montant de la dette flottante d’environ 40 pour 100, et le trésor, sans s’être chargé d’un fardeau hors de proportion avec ses forces, se trouverait face à face avec le cours forcé, avec les 554 millions de papier dont la banque n’a pas la contre-partie dans son encaisse métallique.

La route ainsi aplanie, comment revenir au paiement en espèces? Deux moyens se présentent, ayant chacun leurs difficultés et leurs avantages, deux moyens qui pourraient au besoin se combiner ensemble : l’un, le plus simple, est un emprunt à l’étranger du numéraire nécessaire au retrait ou à la garantie des billets en circulation; l’autre, plus à la portée du gouvernement, est un emprunt à l’intérieur, pour consolider le papier formant le solde de la dette flottante. Le premier procédé serait dispendieux, et le métal venu de l’étranger pourrait en reprendre bientôt la route. Le second paraît moins pratique encore, car le papier une fois retiré sans que le métal en ait repris la place, le pays se trouverait, dans l’intervalle, privé de signes monétaires. Ce dernier procédé a cependant été soutenu par le publiciste du Vestnik Evropy, et voici comment il propose de résoudre ou plutôt de tourner le problème. Le papier, enlevé de la circulation à l’aide d’un ou de plusieurs emprunts successifs, permettrait au trésor de rembourser sa dette envers la banque ; mais ce papier ne serait point détruit, la banque de l’état aurait la faculté de le rejeter dans la circulation, non plus pour subvenir aux besoins du trésor, mais pour répondre aux demandes de l’industrie et du commerce. De cette façon, la circulation fiduciaire pourrait, selon l’auteur russe, être transformée de qualité sans même avoir été réduite en quantité. Les billets de crédit jugés nécessaires à la circulation et émis au fur et à mesure du besoin des affaires seraient garantis par le portefeuille de la banque. Le papier en circulation aurait cessé d’être du papier-monnaie pour devenir un billet de banque tel qu’il en circule en Angleterre ou en Allemagne. En même temps, la banque, devenue maîtresse de ses mouvemens, pourrait, au moyen de l’abaissement ou de l’élévation du taux de l’escompte, lutter contre les tendances du métal à émigrer. D’un autre côté, les bénéfices de la banque, accrus avec l’augmentation de son portefeuille et les demandes du commerce, pourraient, selon M. Kauffmann, couvrir en tout ou en partie le service des intérêts de l’emprunt qui aurait permis la transformation des billets.

De telles combinaisons sont ingénieuses, et la critique est trop aisée en pareille matière pour nous arrêter à montrer ce que dans la pratique tous les plans de ce genre présentent de malaisé ou d’inefficace. Les procèdes indiqués pour reprendre les paiemens en